Un manteau classique coupé dans des matières somptueuses chez Dior, des costumes chics brodés de motifs floraux chez Kenzo… Sur les podiums parisiens, les basiques du vestiaire masculin assurent le spectacle.
Quel type de vêtements mérite d’être présenté sur un podium ? La question anime la profession depuis que le prêt-à-porter a supplanté la haute couture dans les années 1960 et que les défilés ont cessé de ne montrer que l’exceptionnel, mais aussi le vestiaire du quotidien. Ces dernières années, la plupart des designers estimaient que les défilés étaient avant tout des outils de communication pour mettre en scène des collections bousculant les conventions. Pour cette saison masculine automne-hiver 2024-2025, présentée à Paris du 16 au 21 janvier, la tendance s’inverse, avec beaucoup de vêtements très portables. Mais pour continuer de capter l’attention – voire de susciter l’admiration –, les marques redoublent d’ingéniosité.
Chez Dior, « c’est une proposition qui va droit au but », affirme Kim Jones. « Je pense plus que jamais au consommateur et à ce qu’il recherche chez nous : des pulls, des blousons, des vestes. Des pièces à acheter et à garder, c’est aussi simple que ça. » Ses costumes se déclinent dans des tons neutres – gris, marron ou beige – avec des boutonnages simples et des pantalons légèrement évasés ; les blousons zippés en cuir moelleux sont tout-terrain ; les longs manteaux en laine à fines rayures, d’une élégance parfaite ; le tout est coupé dans des matières somptueuses.
Pour pimenter ce vestiaire impeccable mais très classique, Kim Jones joue sur le stylisme : il convoque le souvenir du danseur Rudolf Noureev, que son oncle Colin Jones avait photographié, et intercale au milieu de cette garde-robe intemporelle des tricots seconde peau, des ballerines, des turbans, des cols bateau qui laissent les épaules nues.
Par ailleurs, Kim Jones souligne le savoir-faire de Dior en matière de sur-mesure avec vingt looks couture d’une opulence peu commune, à base de vestes à col en strass brillant comme une boule à facettes, ou une cape en toile de Jouy brodée de fil d’argent. En outre, la mise en scène du défilé est parfaite pour faire le buzz sur Internet : la partie centrale de la scène où sont réunis les mannequins couture tourne sur elle-même et se soulève, avec, autour, un parterre de stars aussi fourni que varié, de la mannequin Kate Moss au sportif Lewis Hamilton en passant par le groupe de K-pop Tomorrow X Together.
AMI.
Mise en scène théâtrale aussi chez AMI. Au Tennis Club de Paris, Alexandre Mattiussi a recréé la façade d’un immeuble parisien, avec moulures, balcons en pierre et porte cochère de laquelle sortent les mannequins. « Cette collection représente la vie d’un immeuble à 5 heures du matin. Il y a ceux qui rentrent d’une nuit festive en ville et d’autres qui partent au bureau », relate-t-il.
Cela donne un vestiaire élégant et attrayant, qu’il s’agisse de manteaux droits en laine, de pantalons larges portés bas sur les hanches avec un tee-shirt piqué de sequins brillants, de costumes croisés rayés ou encore de jupes-culottes amples. La palette de couleurs – brun chocolat, bleu marine, gris souris… – est sobre et de bon goût. « Ce n’est ni prétentieux ni snob. Ce n’est pas cela qui m’intéresse. Je cherche à proposer le bon manteau, le bon trench-coat, la bonne veste en cuir verni ou le manteau noir, très simple mais impeccable. »
A la Paris Fashion Week, un artiste peut en cacher un autre
Chez Kenzo, le touche-à-tout japonais Nigo – styliste, DJ, producteur de musique, collaborateur de longue date de Pharrell Williams – mise sur le décalage entre la majestueuse salle Labrouste de la bibliothèque Richelieu rénovée et son vestiaire qui mixe les codes de l’uniforme scolaire japonais à l’univers des films de samouraï d’Akira Kurosawa, et l’influence qu’ils ont eue sur la série Star Wars.
Ses pièces hivernales portables – vestes en cuir, blouson de base-ball, costumes en flanelle rayé, duffle-coat, doudoune façon kimono, jeans brodés – sont truffées de références historiques à la maison fondée par Kenzo Takada en 1978. On retrouve ainsi les motifs floraux sur des ensembles veste et pantalon ou encore des tissages géométriques sur des costumes, des pulls en maille ou des longs manteaux. « J’aime l’idée d’utiliser des détails typiquement japonais sur des vêtements occidentaux, comme Kenzo lui-même le faisait », explique le designer de 53 ans.
Denim délavé et chandail de papy
Plutôt que de miser sur le décor, certains designers se concentrent sur le sens du détail pour rendre singulier un vestiaire classique. C’est le cas de Véronique Nichanian chez Hermès, qui a présenté dans le cadre sobre du palais d’Iéna la garde-robe d’un « homme versatile, comme est la vie aujourd’hui ». « J’aime mettre les vêtements à l’envers, jouer sur les proportions, créer des associations, bousculer les grands intemporels », reconnaît la créatrice qui parvient à susciter l’envie chaque saison depuis son arrivée chez Hermès, en 1988.
Au programme pour l’hiver prochain : cabans et blousons courts, manteaux enveloppants pour allonger la silhouette, pantalons étroits qui élancent la jambe. Le classicisme d’un costume prince-de-galles ou à rayures tennis est contrarié par le port de souliers à semelle en gomme, les couleurs sont plutôt sombres – anthracite, tourbe, pétrole –, les pièces du soir noires brillent en veau lustré ou drap de laine iridescent. Avec parcimonie, des éclairs anis ou parme illuminent l’ensemble, une couture apparente ou un fil qui flotte au vent, comme si le vêtement n’était pas tout à fait fini. « Le charme, c’est le décalage, le twist qui fait que ce n’est pas exactement parfait », révèle Véronique Nichanian.
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Dior. YANNIS VLAMOS Kenzo. KENZO AMI. FILIPPO FIOR/GORUNWAY.COM Hermès. FILIPPO FIOR/GORUNWAY.COM Paul Smith. PAUL SMITH Auralee. LUCA TOMBOLINI«Ã‚ Montrer sur le podium des vêtements importables, ce n’est pas ma manière de faire. Tout ce qu’on présente est produit et vendu, on est dans la vraie vie ! », se défend Paul Smith. Le designer anglais a en effet toujours fait preuve de pragmatisme, poursuivant chaque saison sa recherche autour du vestiaire masculin classe mais pas guindé. La proposition formelle est resserrée autour de quelques idées fortes : jouer sur les tissus en les utilisant àcontre-emploi comme ces pantalons coupés dans le nylon qui sert habituellement aux vestes ou ces pantalons cargo àgrosses poches taillés dans une laine italienne précieuse.
Et surtout, mélanger les genres : un costume en flanelle est porté avec un pull en mohair pelucheux, le denim délavé est associé à un chandail de papy et une cravate BCBG. Le vestiaire est réveillé par une palette de couleurs originale, « toutes les nuances de l’aubergine » (dixit Paul Smith), vert acide, bouton d’or, dosées en juste quantité, juste de quoi maintenir l’attention de l’assemblée.
Chez Auralee, on a l’impression de voir sur le podium des personnes que l’on pourrait croiser dans la rue : l’un sort du pressing avec dans les bras ses vêtements sur cintre et sous plastique ; un autre semble se rendre à un mariage et transporte dans une housse un costume ; il y a ceux qui viennent de quitter le travail et ont encore leur badge autour du cou. La normalité est mise en scène, mais se retrouve aussi dans ce vestiaire pragmatique et épuré inspiré par la transition entre vie de bureau et vie nocturne.
Costumes cravates impeccablement coupés, manteaux longs passés par-dessus un jean et pull en maille douce, caban enveloppant sur un pantalon ample ou encore longues vestes aux poches plaquées, l’allure est élégante et sans fioritures. Les couleurs pastel, jaune clair, vert d’eau ou encore mauve lilas, servent parfaitement cette collection exécutée avec des matières de haute qualité, dont un cachemire de Mongolie. Pour son premier défilé à la Fashion Week de Paris, le Japonais Ryota Iwai prouve qu’il n’est pas toujours nécessaire de déployer les grands moyens pour tomber juste.
Paris Fashion Week : l’homme annonce la couleur
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