Balenciaga a frappé très fort par un dimanche matin gris, du côté des Invalides. À l’heure de la messe, c’est dans une boite habillée d’un immense rideau gris (Balenciaga, bien sur) que se pressent, dès une heure avant le défilé, les adeptes de Demna et de son esthétique flirtant aussi bien avec la couture qu’avec le pressentiment d’un monde post apocalyptique. Comme souvent, le show est (aussi) dans la rue. La performance n’a rien d’organisé, et ses acteurs – influenceurs, VIP, simples flâneurs, traqueurs de stars, street-photographers – arrivent aussi bien de la bouche de métro voisin que des berlines à vitre teinté. Et si être créateur de mode consiste d’abord à créer une silhouette qui restera dans l’histoire du vêtement, c’est d’abord ici que se mesure le succès de Demna, à retrouver dans les pièces de saisons différentes portées par la foule. Ici, les robes drapées, là, les imprimés fleuris, plus loin encore, les survêtements à couleur de chewing-gum et les baskets stylées comme les vaisseaux spatiaux : sous un ciel désespérément gris (mais qui du coup va comme un gant à l’événement), c’est une comme une rétrospective de ces dernières années Balenciaga que la foule orchestre, malgré elle et en toute spontanéité.
Balenciaga : Outside Arrivals – Paris Fashion Week – Womenswear Fall/Winter 2024-2025 Krit Amnuaydechkorn. Jacopo Raule/Getty Images
Balenciaga : Outside Arrivals – Paris Fashion Week – Womenswear Fall/Winter 2024-2025 Isabelle Huppert. Jacopo Raule/Getty Images
Balenciaga : Outside Arrivals – Paris Fashion Week – Womenswear Fall/Winter 2024-2025 Kim Kardashian. Pierre Suu/Getty Images
À l’intérieur, surprise. Les fauteuils de bureau, signature des défilés Balenciaga, sont déployés dans quatre couloirs géants tapissés d’écrans du sol au plafond, sur lesquels sont projetés des murs en béton percés d’un trou évoquant le travail de l’architecte japonais Tadao Ando. Autre surprise : les rayons d’un soleil électronique viennent caresser ces murs évoquant aussi bien ceux de la Collection Pinault à la Bourse du Commerce que ceux des constructions du maître nippon sur l’île de Naoshima. Les couleurs changent, arrive la Golden Hour, puis la nuit tombe : le défilé commence. On pouvait supposer que les écrans emmèneraient le public ailleurs, comme lors de l’un des plus fameux défilés organisé en 2018 dans un tunnel en feu. Mais ici, l’histoire est différente, et plutôt que de jouer sur l’effet anxiogène, les vêtements comme le décor sont une invitation à un étonnant tour du monde presque à la Jules Verne, si ce n’est qu’il dure ici 15 minutes et non 365 jours. Et que le monde Balenciaga est celui de 2024 : digital, perclus d’inquiétudes, adorant les petits chiens mignons, les couchers de soleil photogéniques, un Paris de carte postale à la perception brouillée, qui s’achèvera dans un brouillard logiciel évoquant aussi bien un bug informatique géant que l’écran d’un graphiste détourant des silhouettes (celles de mannequins comme celles des invités). Sans oublier la silhouette de glaciers menacés par un soleil trop ardent…
Balenciaga RTW Fall 2024 – Runway Le défilé Balenciaga automne-hiver 2024-2025. WWD/Getty Images
Balenciaga RTW Fall 2024 – Runway Le défilé Balenciaga automne-hiver 2024-2025. WWD/Getty Images
Balenciaga RTW Fall 2024 – Runway Le défilé Balenciaga automne-hiver 2024-2025. WWD/Getty Images
Après un premier passage qui pourrait être celui d’une actrice rentrant chez elle, à pieds, alors que l’aube pointe, toute la dramaturgie maison s’invite dans ce décor mouvant : robes en drapé «frozen», manteaux de fourrures si grands qu’on pourrait s’y glisser à plusieurs, travaillés avec une résine leur donnant une allure volontairement vieillie. Bien vu, les «One Minute Designs», sorte d’équivalent mode des ready-to-made de l’art moderne : trois hoodies deviennent une seule robe, des pièces de lingerie cousues entre elles constituent une jupe… Collants déchirés, vêtements scotchés à même le corps, tenues du soir à manches extra-longues défilent tandis qu’on repeuple sur les murs une forêt à coup de logiciel de retouche, un arbre par là, un arbre par-ci. Le public, et pas des moindres (Isabelle Huppert est là, Serena Williams et Kim Kardashian aussi), est visiblement conquis et ne sais plus où donner de l’oeil dans cette expérience hautement immersive ou chaque silhouette, chaque passage demanderait presque un logiciel de décodage tant la proposition est riche et les détails infinis.
Vus par exemple : les chaussons d’inspiration Louis XV, les AirPods bijou, les maxi sacs à tag Balenciaga mais aussi le bonnet proposé comme étant «le plus cool du monde», à porter tiré en dessous du nez mais permettant quand même de voir, tout comme ces lunettes à l’allure de masque en acétate injecté. Car après tout, c’est bien la question principale que semble vouloir suggérer Demna : à l’heure de l’IA, des écrans, de la retouche systématique et du scroll infini, que voit-on vraiment aujourd’hui, et comment est-on vraiment vu? Une question qui taraude tous les accros aux écrans (mais pas que), et à laquelle cette collection semble, curieusement, apporter une réponse rassurante, en dévoilant un vestiaire qui ne serait pas celui de l’apocalypse (pensez au défilé dans la neige de mars 2022), mais plutôt pour le monde d’après.
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