Connu de la justice, « fragile », en difficulté scolaire… qui est l’auteur présumé du meurtre de Matisse, 15 ans, à Châteauroux ?
Matisse, 15 ans, est mort poignardé à Châteauroux samedi. DR
Une « battle de rap » et une bagarre qui l’ont « rendu fou ». Akmal (le prénom a été changé) n’a pas « supporté d’avoir reçu des coups donnés par Matisse », selon la version donnée par son frère aîné au Parisien. Samedi après-midi, dans le quartier Saint-Denis de Châteauroux (Indre), la brouille entre les deux adolescents de 15 ans a basculé dans l’horreur.
Pour se « venger », Akmal a planté de plusieurs coups de couteau Matisse avant de s’enfuir. Touché au cœur, l’adolescent n’a pas survécu à ses blessures. Une version confirmée par les premiers éléments de l’enquête. Mais de nombreuses questions restent en suspens, auxquelles Akmal, mis en examen pour « meurtre », va devoir répondre. Mardi soir, l’adolescent a été placé en détention provisoire.
Deux affaires récentes
Si son casier judiciaire est vierge de toute condamnation, ce n’est pas la première fois que le nom d’Akmal est cité dans une affaire. Le 22 avril dernier, il a été mis en examen pour « vol aggravé avec violence » pour une affaire liée à un vol de portable sous la menace d’un couteau, dans le cadre d’un guet-apens tendu via « un site de rencontre », a révélé Le Parisien, ce dimanche 28 avril.
Ce jour-là, accompagné de quatre autres personnes, il avait encerclé un homme de 22 ans, venu pour un rendez-vous avec une fille, calé via un site de rencontres. « J’ai vu au loin que cinq personnes le menaçaient, couteau sous la gorge, et voulaient le jeter dans la rivière. J’ai accouru. Si je n’avais pas été là, et que je n’avais pas filmé la scène, ils l’auraient tué c’est sûr ! » a raconté Waël, qui est intervenu, au Parisien. Une affaire pour laquelle il a été placé sous contrôle judiciaire, une mesure prévue « pour un mineur de son âge sans condamnation antérieure et mis en examen pour des faits de nature correctionnelle », avait précisé Agnès Auboin, la procureure de la République de Châteauroux.
Mais Akmal est également mis en cause pour une seconde affaire similaire de « vol en réunion » survenue le 27 février, selon nos informations. Il s’agit là aussi d’un vol de portable, sous la menace d’un couteau, mais aucune information judiciaire n’a été ouverte sur ces faits.
Des troubles de la personnalité
Né en Afghanistan, Akmal a connu l’exil en Allemagne et en Autriche, avant d’arriver à Châteauroux « il y a cinq ou six ans » avec son frère, ses trois sœurs et ses parents, aujourd’hui en situation régulière sur le territoire français, a confié son aîné au Parisien. Ces dernières années, une partie de la fratrie aurait été placée en famille d’accueil en raison de la santé mentale de la mère de famille.
Cette dernière, âgée de 37 ans, est décrite comme irascible, violente et surtout très instable sur le plan psychologique. Akmal, en grande difficulté scolaire, souffre lui aussi de troubles de la personnalité. Décrit comme « fragile » par son frère aîné, l’adolescent suivait depuis peu un traitement médicamenteux pour réguler ses changements brutaux d’humeur.
VIDÉO. Profil du suspect, sa mère impliquée, enquête… ce que l’on sait de la mort de Matisse
Le jeune homme n’avait d’ailleurs pas bonne réputation auprès des autres jeunes du quartier. « Il donnait l’impression de pouvoir s’emporter à tout moment, pour un oui ou pour un non », a expliqué un voisin de la famille au Parisien.
« Il a saigné du nez et cela l’a rendu fou »
Une description qui colle avec le scénario de samedi. Dans l’après-midi, les deux adolescents, qui se connaissent, se retrouvent ensemble dans le quartier Saint-Denis avec d’autres jeunes. Avec deux autres copains, ils s’assoient à l’intérieur d’une voiture épave, une Renault Twingo abandonnée et décident de s’affronter dans une « battle » de rap freestyle.
Mais certains propos tenus par Matisse déplaisent à Akmal. L’adolescent veut régler ça physiquement dans le sous-sol d’un immeuble situé à proximité. Quelques minutes plus tard, la bagarre éclate, au cours de laquelle Matisse « prend le dessus » et blesse son rival.
«Ã‚ Mon frère n’a pas supporté d’avoir reçu des coups donnés par Matisse. Il a saigné du nez et cela l’a rendu fou. Il est parti chercher un couteau et a voulu se venger », souffle son frère. Akmal revient vers la voiture et plante àplusieurs reprises Matisse au dos et au thorax. Mortellement touché, l’adolescent tente de prendre la fuite, avant de s’écrouler quelques mètres plus loin.
Une scène à laquelle la mère d’Akmal a assisté. Mais pas seulement. Selon les premiers éléments de l’enquête, cette femme de 37 ans aurait giflé le jeune Matisse alors qu’il gisait à terre. D’autres témoins, eux, affirment qu’il s’agissait d’une tentative de réanimation de l’adolescent. Elle a été mise en examen pour « violences volontaires » sur « personne vulnérable ».