Conjugopathie : quand le couple mène à la dépression

Conjugopathie

Rencontrer des moments compliqués dans son couple est normal, mais il est important de bien les résoudre pour ne pas tomber dans la conjugopathie. Line Mourey, psychologue spécialisée dans le couple, répond à toutes vos questions.

C’est quoi la conjugopathie ? 

La psychologue Line Mourey débute en précisant que « la conjugopathie n’est pas une maladie reconnue scientifiquement à l’heure actuelle, ce concept psychologique est donc assez flou et sujet à interprétation ». Mais elle la définit comme : « correspondant à un dysfonctionnement pathologique du système-couple ».

« La relation devient toxique et génère une souffrance importante chez les deux partenaires mais la séparation reste inenvisageable ou impossible à instaurer », informe Line Mourey. Le couple entretient cette maladie, tout en souffrant, « chacun est à la fois la victime et le bourreau » conclut la psychologue.

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Qui peut être concerné par la conjugopathie ? 

« La conjugopathie peut concerner tous les couples », déclare Line Mouney. Mais elle avoue que ce type de dysfonctionnement est surtout présent chez les couples de personnes âgées. « Ils sont ensemble depuis très longtemps, ils peuvent avoir tendance à s’isoler et avoir beaucoup de mal à divorcer ou se séparer », argumente la psychologue.

« On peut aussi la retrouver chez des couples où la maladie (physique ou psychique) vient frapper un des partenaires. La relation se déséquilibre, avec le système soignant/soigné qui peut générer beaucoup de frustration et de culpabilité », ajoute Line Mourey.

Comment se manifeste la conjugopathie ? 

La conjugopathie peut se manifester au sein du couple par un « tas de signaux qui durent dans le temps : tensions et conflits récurrents, mutisme, agacement, rupture de communication, etc. », précise Line Mourey. En bref, « les deux partenaires ne se supportent plus et des comportements toxiques se développent au quotidien », conclut la psychologue.

Les symptômes de la conjugopathie touchent personnellement les partenaires, « cela peut se manifester par de l’anxiété, des insomnies, des maladies somatiques (eczéma, perte de cheveux, maux divers), un repli social, une dépression, etc. », souligne la thérapeute.

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Comment différencier la conjugopathie de la crise conjugale ? 

Line Mourey distingue « la crise conjugale de la conjugopathie par sa durée. Une crise est temporaire, tandis que la conjugopathie s’enracine ». Tout couple peut traverser des conflits, qui peuvent même lui être bénéfiques à condition de communiquer sainement. La thérapeute ajoute que la conjugopathie se différencie de la crise conjugale quand :

• La relation n’est plus satisfaisante et déséquilibrée.
• La communication est rompue et les solutions introuvables. 
• Les comportements toxiques sont ponctuels.

Line Mourey nous alerte sur la possible confusion entre conjugopathie et violences conjugales. « Dans la conjugopathie, c’est la relation qui est malade. Les deux partenaires sont acteurs de ce dysfonctionnement et entretiennent mutuellement la relation toxique.

Dans les violences conjugales, nous sommes face à une personne violente (malade) qui instaure une emprise sur une victime, ce qui rend le départ compliqué », démêle la psychologue. Dans les deux cas, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé qui saura vous aider.

Comment prévenir et éviter la conjugopathie ? 

Line Mourey livre ses conseils pour éviter la conjugopathie : « il est primordial de s’auto-observer et de se demander : comment je me sens ? » Prendre en compte ses émotions et ne pas les dévaloriser, est essentiel dans une relation saine. Et il ne faut pas hésiter à les communiquer à son ou sa partenaire.

La thérapeute pose également l’importance de « porter un regard sur la santé de son couple, demandez-vous : comment va mon couple ? Dès qu’il y a un malaise, il est essentiel d’en prendre conscience et de le questionner. Il sera nécessaire de réagir avant que cette souffrance ne s’ancre définitivement et pourrisse la relation ». En somme, la communication sauvera votre couple.

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Quelles solutions pour lutter contre la conjugopathie ? 

Pour lutter contre cette relation toxique, il est important d’avoir un espace couple et un espace pour chaque partenaire. Line Mourey conseille « un espace de thérapie individuelle et un espace de thérapie conjugale. L’alliance des deux thérapies peut être bénéfique ».

La psychologue considère la thérapie individuelle comme le moyen « de se retrouver soi-même, de revisiter son histoire personnelle et de faire le point ». Ce travail personnel permet également « d’apprendre à exister au-delà de l’entité couple et de prendre du recul sur la situation que subie le couple », signale Line Mourey.

La thérapie individuelle a d’autres apports, tels que comprendre la relation que l’on a avec notre partenaire :

• Qu’est-ce qui nous a attirés chez lui ou elle ?
• Qu’est-ce qu’il nous apporte ?
• Qu’est-ce qu’on projette sur lui ?
• Quels sont les manques dans la relation ?

Cette analyse personnelle permet également à chaque partenaire de “prendre sa part de responsabilité dans la conjugopathie”, annonce Line Mourey. Pour la spécialiste, cette thérapie est nécessaire pour prendre conscience : de l’évolution du couple, de ses forces et faiblesses, des enjeux et du lien qui les unis. Mais elle est aussi primordiale pour réaliser que le lien pathologique est entretenu par les deux partenaires. Ces derniers observent qu’ils ont tous les deux des comportements toxiques.

« Dans la thérapie conjugale, le couple se retrouve et travaille ensemble en vue d’améliorer la situation ou de se séparer en douceur », éclaire Line Mourey. Pour le faire, les deux partenaires peuvent passer par des jeux de rôle, se mettre à la place de l’autre pour mieux le ou la comprendre.

Cet échange a pour « objectif de remettre du dialogue, de la compréhension, de l’empathie en vue de trouver des solutions », conclut la psychologue.

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