
Soucieux d’écologie comme d’économie, les carrossiers retrouvent le goût de la réparation et de la pièce d’occasion. Manière de contenir la hausse des assurances et de préserver le pouvoir d’achat de l’automobiliste.
Quand un automobiliste fait jouer son assurance, il débourse le montant de la franchise et s’en remet à son assureur pour régler la totalité de ce qui est dû au carrossier. Ce n’est qu’en comparant le montant de ce qu’il a payé avec le coût réel des réparations qu’il se félicite de s’en tirer à si bon compte. L’automobiliste développe alors un sentiment d’impunité, qui le conforte dans l’illusion que son portemonnaie est à l’abri de la hausse des coûts de la réparation : peu importe que le carrossier facture toujours plus cher ses services, du moment que c’est l’assureur qui paie.
Les pièces représentent la moitié de la facture de réparation
Cette attitude conduit l’automobiliste à oublier que le montant de la prime d’assurance (ou de la cotisation à sa mutuelle) augmente en même temps que le coût de la main d’œuvre chez le carrossier, du prix des pièces détachées et de l’énergie. Le gaz et l’électricité que dévorent les cabines de peinture ? “Leurs prix ont augmenté de 49 % et de 50 % respectivement depuis le début de l’année”, témoigne un professionnel du secteur, qui n’a d’autre choix que de répercuter cette inflation sur ses tarifs. Forcément, les primes et les cotisations s’en ressentent.
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Pour autant, “les pièces de rechange pèsent encore la moitié, au moins, du montant de la facture chez le carrossier”, rappelle David Thévenot, Responsable Service Technique Auto Covéa. C’est l’une des conséquences de la réglementation française qui accorde à nos constructeurs nationaux un monopole sur la distribution des pièces dont ils détiennent les droits et les dessins. Résultat, les automobilistes français paient leurs pare-chocs de rechange, leurs portières, leurs ailes et leurs rétroviseurs près d’un quart plus cher que leurs voisins européens qui peuvent faire jouer la concurrence. Car ils ont le choix de préférer des pièces “de qualité équivalente” nettement moins chères. La seule différence ? L’absence de l’estampille du constructeur auto.
Convaincre carrossiers et experts de favoriser la réparation et la pièce d’occasion, plutôt que le remplacement à neuf
Dans ce contexte d’inflation galopante, les rencontres professionnelles qu’organisaient ce 21 juin le Groupe Covéa prenaient une importance particulière. Fondé en 2002 par les trois mutuelles Maaf, MMA et GMF (près de 10 millions de véhicules assurés en France), cette société vise à “mettre en commun leurs achats de prestations auprès des réparateurs”. En clair, il s’agit pour les mutuelles d’unir leurs forces pour négocier des tarifs plus avantageux auprès des carrossiers, en échange de quoi ces réparateurs bénéficient d’une part d’un apport d’affaires, d’autre part de conditions préférentielles pour leurs achats de pièces de rechange, de peintures et de fournitures.
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En parallèle, le Groupe Covéa dispose d’une filiale CESVI, dont le technocentre implanté à Jaunay-Marigny, près de Poitiers a vocation à étudier des méthodes de réparation alternatives. L’objectif étant, là encore, de limiter les coûts de réparation en démontrant que le remplacement systématique du capot ou du bouclier par son équivalent en neuf ou d’occasion n’est pas la solution la plus économique, “même en prenant en compte le surcroît de temps de travail et le taux horaire de la main d’œuvre”, fait valoir Christophe Petrynka, Directeur de CESVI France.
De nouveaux outils et méthodes rendent la réparation économiquement viable
Chaque année, 600 à 800 des 4.000 carrossiers agréés Covéa sont invités à se rendre au technicentre CESVI pour assister à des démonstrations d’outillage et de méthodes de réparation. Là, des peintres dubitatifs découvrent qu’il est dorénavant possible de réaliser un raccord de teinte invisible au beau milieu d’un panneau de carrosserie, chose réputée jusque-là impossible. “Inutile de repeindre toute l’aile ou toute la portière à l’issue de la reprise d’une éraflure”, démontre l’un des techniciens du CESVI. “L’économie de produits est sensible : elle se traduit directement au bas de la facture”, insiste ce professionnel.
Sur les éléments de carrosserie en matière plastique aussi, les techniques de réparation évoluent. Un apport de matière plastique aisément malléable permet de combler rapidement une balafre qui vaut généralement à un bouclier de finir au recyclage. Même chose pour les pattes de fixation d’une calandre ou d’une phare : “Je vous mets au défi de déceler la réparation”, assène fièrement un technicien tout en rappelant que l’objectif est de rétablir l’aspect du neuf.
La réparation s’avère parfois moins chère que le remplacement systématique, même pour de l’occasion
Quand on sait qu’à résultat identique, le coût d’une réparation ressort “en moyenne 30% à 60% moins cher”, on comprend mieux l’insistance du Groupe Covéa à sensibiliser ses réparateurs et ses experts aux nouvelles techniques. Ces professionnels prêtent une oreille d’autant plus attentive qu’ils savent que le CESVI procède à ses propres essais de chocs sur les véhicules les plus diffusés (15 à 20 chaque année), afin de compléter les informations contenues dans le baromètre des coûts de remise en état que publie chaque année l’organisme Sécurité et Réparation Automobiles (SRA). Une référence qui sert aux assureurs pour ajuster la tarification de leurs primes et de leurs cotisations.
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Si les 400 experts du Groupe Covéa viennent eux aussi au CESVI entendre prêchée la bonne parole, c’est parce qu’ils ont le pouvoir, dans leurs rapports, de “recommander aux carrossiers le recours à la pièce d’occasion ou à la réparation”, souligne Bruno Lacoste, Directeur Expertise et Solutions pour l’Indemnisation chez Covéa. “Pour imposer de nouvelles méthodes de réparation, vous devez convaincre l’expert aussi bien que le carrossier.”
D’après BCA Expertise, pas moins de 45 % des pièces pourraient être réparées plutôt qu’échangées. “Toutefois cette proportion tend à baisser du fait de la multiplication des aides électroniques à la conduite”, constate François Brodier, ingénieur au pôle reconstruction d’accident chez CESVI France. Elles font appel à des capteurs (sonar, radar, caméra et bientôt lidar) logés en des endroits très vulnérables. Quand l’automobiliste a la bonne fortune de ne pas avoir à remplacer un radar facturé 800 euros, il doit encore régler le coût de son repositionnement et de son calibrage (entre 90 et 250 euros). De nouvelles exigences qui supposent l’acquisition d’un outillage et d’un savoir-faire nouveaux.
La facture baisse de 20 % environ chez le carrossier agréé
Quand la pièce est trop endommagée pour justifier sa réparation, le carrossier est encouragé à consulter les centres agréés de véhicules hors d’usage (VHU) de sa région. Bien que vendues jusqu’à 70 % moins cher, les pièces de réemploi (autrement appelées PIEC, pour pièces issues de l’économie circulaire) ne pesaient que 5% du total des pièces de carrosserie vendues en France en 2020, contre 3% en 2015. C’est peu. A ces PIEC, il convient toutefois d’ajouter les 15% de pièces reconditionnées, vendues au titre de l’échange standard : elles aussi participent à l’économie circulaire.
Suivant cette double logique de l’occasion et de la réparation en alternative au remplacement systématique par du neuf, l’automobiliste a tout intérêt à suivre les conseils de sa mutuelle et à s’adresser à l’un de ses carrossiers agréés Covéa. Sur un coût de réparation moyen de 1.500 euros, “le réparateur agréé facture 350 euros de moins que le carrossier non agréé, sans diminuer pour autant sa marge en euros”, souligne Bruno Lacoste. Voilà qui est toujours bon à prendre. Pour l’assuré comme pour l’assureur.
Le Groupe Covéa se félicite ainsi que “trois quarts de ses 10 millions d’assurés font appel à l’un de leurs 4.000 réparateurs agréés”, ce qui générerait une économie “de l’ordre de 20 %” pour le Groupe. Ce serait davantage encore si le recours à la pièce d’occasion dépassait la part des 15 % des réparations constatée en 2021. C’était 11 % en 2018 et le Groupe Covéa vise les 20 % d’ici 2025.
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