Choléra : mort d’un enfant de trois ans à Mayotte, première victime de la maladie depuis le début de l’épidémie
Une cinquantaine de cas de choléra ont été enregistrés sur l’île depuis une première détection, à la mi-mars. AFP/Chafion Madi
Le premier cas avait été détecté le 19 mars. Un enfant de trois ans est mort du choléra ce mercredi 8 mai à Koungou, indiquent mercredi la préfecture de Mayotte et l’Agence régionale de santé dans un communiqué. « Les équipes d’intervention se sont rendues sur place pour procéder au traitement de l’entourage de l’enfant », selon le communiqué.
« Un premier enfant est décédé ce jour », écrivent-elles dans un communiqué commun. « L’enfant habitait dans le quartier de Koungou dans lequel plusieurs cas de choléra avaient été identifiés ces dernières semaines ». Ce premier cas mortel intervient àla veille de la visite du ministre de la Santé Frédéric Valletoux sur cette île de l’océan Indien, prévue depuis plusieurs jours.
Le choléra est une forme aiguë de diarrhée qui peut tuer en quelques heures et qui se transmet par une bactérie généralement transmise par de l’eau ou de la nourriture contaminées. Le premier cas avait été détecté chez une personne en provenance des Comores à la mi-mars. Depuis, 58 cas ont été confirmés dans le département, soit un nombre multiplié par quatre.
Les premiers cas de choléra à Mayotte avaient été recensés mi-mars chez des personnes revenant des Comores voisines, où l’épidémie flambe avec 98 décès selon le dernier bilan officiel. A Mayotte, les premiers cas « autochtones », diagnostiqués chez des patients n’ayant pas quitté l’île française dans l’océan Indien, sont apparus fin avril.
Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l’identification et le traitement des cas contacts et une vaccination « en anneaux », en élargissant progressivement la zone concernée autour de l’habitation du patient atteint de choléra.
En France métropolitaine, cette maladie est devenue très rare et essentiellement rapportée par des voyageurs de retour de pays ou de zones infectés: on compte en moyenne zéro à deux cas par an depuis le début des années 2000, selon le ministère de la Santé. Il faut remonter à 1986 pour trouver trace d’une flambée en France métropolitaine, essentiellement à partir de cas importés d’Afrique du Nord, avec plus d’une trentaine de cas et un enfant de 10 ans mort après un séjour en Algérie.
Vaccins en nombre insuffisant
Le changement climatique, en augmentant intensité et fréquence des inondations, des cyclones et des sécheresses, perturbe l’accès à l’eau potable et « crée un environnement idéal pour le développement du choléra », selon l’OMS. Exemple récent: les cas de choléra au Mozambique ont été multipliés par dix après le passage du cyclone Freddy qui, début 2023, a privé d’eau portable une partie des habitants.
Plusieurs vaccins oraux ont été mis au point et sont recommandés par l’OMS pour les zones où le choléra est endémique et durant les épidémies. Mais la multiplication des flambées a limité dangereusement les stocks et contraint les organisations humanitaires à réduire le nombre de doses administrées lors des campagnes de vaccination.
L’OMS a donné en avril son feu vert à la version simplifiée d’un vaccin, produit par le groupe sud-coréen EuBiologics, pour accélérer la production et regonfler les stocks mondiaux de sérums anticholériques.