« L’incendie peut repartir » : six mois après les émeutes, ce maire appelle le gouvernement à réagir

« l’incendie peut repartir » : six mois après les émeutes, ce maire appelle le gouvernement à réagir

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Vincent Jeanbrun est le maire LR de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Comme d’autres élus locaux, il a subi les violences urbaines de l’été dernier. Dans un livre, paru jeudi 18 janvier, il appelle les Français et le gouvernement à réagir. « Rien n’a vraiment bougé depuis juillet. L’incendie peut repartir à tout moment. »

«В Quand vous ne pouvez plus aller et venir en sГ©curitГ© dans votre quartier, vous n’êtes plus vraiment en France. Passons aux actes et faisons des “quartiers prioritaires” une vraie prioritГ© В», insiste Vincent Jeanbrun, maire LR de L’HaГї-les-Roses (Val-de-Marne).

« l’incendie peut repartir » : six mois après les émeutes, ce maire appelle le gouvernement à réagir

Vincent Jeanbrun, maire LR de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne).

Entretien

Six mois après les émeutes de 2023, les braises couvent-elles toujours dans les quartiers ?

L’incendie peut repartir à tout moment. Et je crains fort que si des émeutes redémarraient, nous ne soyons pas plus prêts que l’été dernier. Il y a urgence à agir. Avant le réarmement civique voulu par Emmanuel Macron, réarmons juridiquement ceux qui nous protègent. En donnant, notamment, davantage de moyens aux forces de l’ordre. Cela commence par autoriser les policiers municipaux à ouvrir un coffre, à procéder à des fouilles, à réaliser un contrôle d’identité.

« l’incendie peut repartir » : six mois après les émeutes, ce maire appelle le gouvernement à réagir

«Р’В Ce que la France a Г©tГ© capable de faire pour Notre-Dame-de-Paris, elle doit ГЄtre capable de le faire pour les cinq Г  six millions dРІР‚в„ўhabitants des quartiers relГ©guГ©s.Р’В Р’В»

J’imagine que vous allez dire qu’il faut davantage d’enseignants, de juges, de policiers… ?

Oui. Mais chacun sait que cela prendra du temps, demandera beaucoup d’argent. N’attendons pas pour réagir. Beaucoup de réformes sont à mettre en œuvre dès aujourd’hui. La plupart ne coûtent pas cher.

Lesquelles, par exemple ?

En sanctionnant immédiatement et automatiquement, y compris les plus petites infractions. Cela permet de montrer que la réponse de l’État est implacable. C’est comme cela qu’on éduque. Quand vous enfreignez tous les jours les petites règles du quotidien sans aucune conséquence, vous êtes naturellement incité à augmenter le niveau de délinquance. Je préfère des petites peines, certaines et immédiates, que des sanctions plus lourdes quatre ou cinq ans plus tard.

Lire aussi. Mort de Nahel à Nanterre : six mois après, des élus ont l’impression de « danser sur un volcan »

La justice ne fait-elle pas bien son travail ?

Je ne dis pas cela, d’autant que les juges, les greffiers… travaillent dans des conditions très dégradées. Mais on est parfois confrontés à des décisions incompréhensibles. Durant les émeutes, la mairie de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) a été incendiée. L’auteur s’est filmé. La police et la justice avaient toutes les preuves contre lui. Mais il est ressorti libre du tribunal. Immédiatement, il est allé fanfaronner dans son quartier…

En juillet, vos proches, votre domicile ont été attaqués par des émeutiers. Avez-vous surmonté cette agression ?

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. La prochaine étape, je l’espère, sera l’arrestation des auteurs. Chez moi, à L’Haÿ-les-Roses, personne n’a été interpellé malgré quatre nuits de chaos et des centaines d’assaillants.

Des « caïds professionnels »

Est-ce uniquement la mort de Nahel qui déclenché ces émeutes ?

Il y a eu une étincelle de départ. Mais c’est rapidement devenu un prétexte à l’insurrection, instrumentalisé par l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon. On a clairement vu, notamment à L’Haÿ-les-Roses, que des « caïds professionnels » ont saisi l’occasion pour mobiliser des foules et sonder la capacité de la République à réagir. La vérité me pousse à dire qu’elle a vacillé. La France du chaos – des caïds, des gangs, des dealers – a gagné cette manche. Mais je veux croire que la France du sursaut – qui veut vivre en paix – gagnera la partie. Elle est plus nombreuse.

Pourquoi ces émeutiers s’en sont-ils pris aux bâtiments publics, aux mairies ?

Ce sont les symboles de la République, tout comme les professeurs, les maires, les policiers qui sont attaqués parce qu’incarnant l’autorité. Des collègues maires m’ont raconté que face à deux bâtiments publics identiques, les émeutiers s’en sont d’abord pris à celui pavoisé d’un drapeau tricolore. D’autres jeunes ont dit qu’ils avaient brûlé des commerces pour « envoyer un message au chef de l’État ». Selon eux, ces magasins, c’est l’État… La plupart étaient déconnectés de la réalité. Mais ils avaient des pilotes.

Rien n’a vraiment bougé depuis ces émeutes ?

S’il y a eu des annonces allant dans le bon sens, aucune n’a encore été traduite concrètement. Probablement faute de majorité au Parlement. Il revient au gouvernement de la trouver, sinon rien n’avancera.

Le logement, « une bombe sociale »

Vous en appelez à un « Notre-Dame » des quartiers. Que voulez-vous dire ?

Ce que la France a été capable de faire pour Notre-Dame-de-Paris, elle doit être capable de le faire pour les cinq à six millions d’habitants des quartiers relégués. Ils souffrent et pas seulement pendant les émeutes. Là encore, je ne parle pas d’argent. La France a été capable de simplifier, moderniser, accélérer les procédures pour rebâtir un monument historique. Et si nous mettions cette même détermination pour réparer nos banlieues ?

En cinq ans, il serait possible de changer le visage des quartiers ?

En peu de temps, oui. Pour cela, il faut de l’ambition, un peu de volonté et du courage politique. Le sort de nos quartiers a progressivement reculé dans les priorités des gouvernements. En vingt ans, on est passé de Jean-Louis Borloo, qui avait une vision et une ambition, à la situation actuelle où on ne connaît pas le nom du ministre du Logement. Et pour cause, il n’y en a pas !

Le logement, c’est la priorité ?

C’est la bombe sociale qui couve pour 2024. Il faut le rénover en profondeur, en faire un outil d’émancipation et non plus de relégation. On ne doit plus être assigné à résidence dans ces grands ensembles au long de sa vie. Au-delà de cette fin du logement social à vie, permettons aux logements sociaux de rejoindre le parc privé. C’est l’esprit de l’accession sociale à la propriété. Je rêve d’un jour où l’on ne parlera plus de quartiers prioritaires. On aura, alors, réussi à les sortir de la ghettoïsation dans laquelle ils s’enfoncent depuis des décennies.

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Le livre que vous publiez (*), est-il un cri de colère ?

Un cri d’alerte plutôt. Je l’ai écrit pour trois raisons : ne pas oublier ce qui s’est passé. Faire le récit du quotidien des habitants vivant le recul de la République, confrontés à une assignation à la violence. Et enfin – c’est le plus important – lancer un appel à la mobilisation. J’appelle les Français à réagir, à ne pas rester sur le banc de touche. Face aux adeptes du chaos, incarnons le sursaut.

Comment faire ?

Il faut que chacun fasse sa part. Il n’y a pas de petits gestes quand nous sommes 67 millions à les faire. On a besoin de la mobilisation de parents d’élèves dans les écoles, de bénévoles dans les associations, des professeurs, des policiers, de toutes les figures d’autorité. Ensemble, on peut faire la différence. Jamais, la France n’avait connu une telle insurrection. Jamais, on n’avait vu des enfants brûler les symboles de leur propre pays.

Qu’attendez-vous du gouvernement ?

Qu’il redonne espoir aux Français. Pour cela, nous avons besoin d’un choc d’autorité face à la violence devenue la norme. Quand vous ne pouvez plus aller et venir en sécurité dans votre quartier, vous n’êtes plus vraiment en France. Passons aux actes et faisons des « quartiers prioritaires » une vraie priorité.

N’est-ce pas trop tard ?

Rien n’est perdu. L’espoir passe par l’école et des professeurs formés, en remettant les savoirs fondamentaux et la transmission des valeurs morales au cœur de l’enseignement. Il est intolérable que des enseignants risquent leur vie en allant faire classe.

 Les deux France , de Vincent Jeanbrun, aux éditions Albin Michel. 165 pages. 18, 90 €.

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