Cette proposition pour passer à 36 millions de logements potentiellement sociaux en France
11 millions de personnes sont bénéficiaires d’un logement social en France. Mais de nombreux ménages sont en attente d’une attribution. L’Institut Sapiens propose donc de faire passer le parc de logements sociaux de 4… à 36 millions. Explications.
Illustration de commerces
Les chiffres ont beau être importants, ils sont loin de couvrir les besoins de logements sociaux en France. Une étude Insee de 2018 montre qu’il y a actuellement 4,8 millions de logements sociaux bénéficiant à près de 11 millions de personnes. la France est l’un des pays européens les mieux dotés en la matière. Or, il y a 2,6 millions de ménages en attente d’un logement social fin 2023. En 2022, un peu moins de 30% des demandes provenaient de personnes déjà logées au sein du parc HLM.
Mais plus grave encore, le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre rappelle une cruelle réalité: il y aurait dans notre pays 4,2 millions de personnes souffrant de mal-logement dont 330.000 personnes sans domicile.
“La moitié des personnes qui appartiennent aux deux premiers déciles, qui gagnent moins de 1.200 euros par mois, sont obligés de se loger dans le privé parce qu’ils n’ont pas de place dans le logement social. A côté de cela, 130.000 personnes qui vivent dans un logement social gagnent plus de 80.000 euros par an”, précise Erwann Tison, économiste et directeur des études de l’Institut Sapiens, un think tank libéral, sur BFM Business.
“On supprime le logement social et on passe au ménage social”
Comment résoudre cette difficile équation? Certes, l’idée avancée par le gouvernement d’évincer de leur logement social les locataires devenus trop aisés est une solution. Mais l’institut Sapiens en a une autre qui, sur le papier, paraît bien plus efficace. Il suffit tout simplement de passer à 36 millions de logements sociaux, soit la totalité des logements en France (37,2 millions en janvier 2021 selon les chiffres du gouvernement).
Erwann Tison explique le fonctionnement: “On supprime le logement social et on passe au ménage social. Au lieu de subventionner la pierre qui du coup fige les gens sur un territoire et qui fait que les gens éligibles sont obligés de se loger là où il y a des logements sociaux, on subventionne le ménage et on accorde l’avantage loyers aux ménages directement, versé au propriétaire et non pas au locataire”. Ainsi, le ménage paie une partie dite sociale et le propriétaire reçoit le reste de l’État.
Les avantages sont multiples, selon le think tank. “On peut se loger partout au même tarif que dans le social. Et ça se fait à budget constant”, précise Erwann Tison. Une plus grande mobilité donc, et cela éviterait le phénomène de ghettoïsation.
En revanche, cette hypothèse peut aussi poser d’autres problèmes. Cela n’incite pas nécessairement la construction de nouveaux logements. Par ailleurs, il y a un risque que les loyers soient augmentés en fonction de cette aide et que les locataires n’en bénificient pas réellement (l’aide est alors captée par les propriétaires bailleurs).