Ukraine : pourquoi abattre les avions radars Beriev A-50 russes est primordial pour Kiev

ukraine : pourquoi abattre les avions radars beriev a-50 russes est primordial pour kiev

Un Beriev A-50 à la parade au-dessus de Moscou, le 24 juin 2020.

Le 23 février, l’Ukraine annonçait avoir abattu un second Beriev A-50, rare et précieux appareil de détection et de commandement russe. Et si le coup est si important sur le plan militaire, ce n’est pas par hasard.

Il y a quelques semaines, possiblement grâce à un guet-apens des plus malins, l’Ukraine frappait un grand coup en abattant, coup sur coup et en quelques minutes, un imposant avion russe de détection et de commandement Beriev A-50 (“Mainstay” pour l’Otan), ainsi qu’un Il-22 aux fonctions plus ou moins similaires.

Le 23 février, alors que le pays pansait encore les plaies douloureuses de la récente et mortelle chute d’Avdiïvka, ses armées rapportaient une nouvelle plus positive. Peut-être avec des missiles antiaériens S-200 comme l’a rapporté The War Zone, un second A-50 était descendu au-dessus de la mer d’Azov et du Kraï de Krasnodar, en Russie, tuant l’intégralité de son équipage de 10 personnes.

Ce n’était pas la première fois que ce type d’appareil était visé par les forces de Kiev. Il y a un peu plus d’un an, en janvier 2023 et ainsi que le rapportait alors korii., des partisans biélorusses réussissaient à endommager au sol, et possiblement sérieusement, un A-50 russe basé sur l’aérodrome de Machulishchy, près de Minsk.

Aveugler l’aviation et les défenses russes

Ainsi que l’explique David Axe pour Forbes, cette “passion” ukrainienne pour les avions de détection et de commandement russe n’est pas un hasard.

Elle fait suite à une longue campagne lors de laquelle les troupes sous drapeau jaune et bleu, et notamment les services de renseignement militaire du pays dirigés par Kyrylo Boudanov, se sont méthodiquement appliquées à viser et détruire des stations radar au sol.

Comme le relatait Newsweek en novembre 2023, c’était le cas dans le sud et l’est de l’Ukraine, mais les frappes se sont particulièrement concentrées sur les installations postées en Crimée occupée. Extrêmement coûteux, modernes et difficilement remplaçables, des systèmes antiaériens S-400 Trioumf ont également été détruits.

La Russie se voyait alors forcée de reporter une partie de la tâche de détection et de surveillance radar sur ces A-50, envoyés dans la zone, un peu trop près des missiles ukrainiens semble-t-il, pour garder un œil sur les activités aériennes (aéronefs, drones ou missiles) de Kiev.

Pour Kiev, viser particulièrement ces rares atouts russes répond à un objectif est clair : le pays cherche à aveugler l’aviation et les défenses russes dans la région.

Couvrir les attaques ukrainiennes en profondeur

Car la Russie ne dispose pas d’un nombre illimité de Beriev A-50, pas plus que d’équipages formés pour leur faire mener à bien leurs missions de détection et de commandement. Selon Newsweek, qui relaie une information transmise par Kiev, Moscou ne disposerait plus que de six de ces avions, dont le coût est estimé à 300 millions de dollars et que le pays n’est plus en capacité de produire.

Outre leur rôle de coordination de l’aviation russe, qui comme nous le rapportions récemment semble retrouver à nouveau active et mortelle près de certaines lignes de front, où elle appuie les troupes au sol, ils sont a priori capables de détecter certaines des attaques à distance lancées par Kiev.

C’est particulièrement le cas pour celles utilisant des missiles de croisière, qu’il s’agisse des Storm Shadow et SCALP-EG fournis par le Royaume-Uni et la France, ou d’engins de conception ukrainienne, comme le “Long Neptune”, adapté pour viser des cibles au sol et dans la distance.

Or, ainsi que l’explique David Axe de Forbes, la Russie a idéalement besoin de neuf appareils comme le A-50 pour couvrir l’intégralité de la ligne de front la séparant de l’Ukraine ; trois en vol, trois à la base et trois en cours de rotation.

Les deux A-50 abattus, des A-50M ou A-50U modernisés et dotés de systèmes numériques, risquent donc de cruellement manquer au Kremlin, qui devra faire des choix sur les zones à couvrir, et faire prendre peut-être plus de risques encore aux avions de détection et de commandement encore valides en les approchant un peu plus des installations défensives ukrainiennes.

Tout ceci créera nécessairement des interstices vierges de toute surveillance radar, dans lesquels les projectiles ou drones ukrainiens à longue portée pourront plus facilement se glisser, pour aller frapper bases aériennes ou navales, centres de commandement, navires en mer Noire ou installations pétrolières, et ainsi gripper la machine de guerre de Vladimir Poutine.

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