Industrie: 1,3 million d'emplois à pourvoir en dix ans mais déjà une pénurie de main d'oeuvre

Un ouvrier au travail dans une usine de scooters électriques à Guise (Aisne), en janvier 2023

Comme chaque année depuis 12 ans, le gouvernement prend quelques jours pour célébrer l’industrie française. La Semaine de l’Industrie s’est ouverte lundi sous le patronage du ministre Roland Lescure dans un contexte tendu. Le ralentissement économique se fait ressentir sur le volume d’offres d’emploi, selon le baromètre Adecco publié mardi.

Pour autant, les besoins de recrutement restent très importants. Ainsi, quasiment 1,3 million d’offres d’emploi ont été publiées depuis le début de l’année, un niveau largement supérieur à celui de 2019 mais en baisse de 21% sur un an, selon Adecco. Sur le seul troisième trimestre 2023, 330.000 offres ont été publiées, 80.000 de plus qu’au troisième trimestre 2019.

Région par région, en nombre d’offres, c’est l’Auvergne-Rhône-Alpes qui fait la course en tête avec 54.000 publications au troisième trimestre, devant l’Île-de-France (près de 43.000 offres) et les Pays de la Loire (près de 37.000 offres).

Du côté des métiers, selon Adecco les besoins sont élevés pour tous les niveaux de qualification. Au troisième trimestre, les monteurs/assembleurs mécanique sont les plus recherchés avec près de 40.000 offres. Les managers/ingénieurs de production (26.000 offres) et les opérateurs manuels d’assemblages (23.000 offres) suivent sur le podium.

L’immigration pour pallier les difficultés de recrutement?

Et les recrutements sont difficiles, selon Adecco, car en plus de la pénurie de candidats, il y a la mutation des métiers en pleine décarbonation de l’industrie. Une transformation qui engendre surtout des tensions dans les secteurs de l’aéronautique et du ferroviaire. Il y a aujourd’hui un vrai problème d’évolution des compétences, d’autant plus si l’on ajoute la numérisation des lignes de production.

Roland Lescure a estimé, sur franceinfo samedi, qu’il faudra pourvoir 1,3 million d’emplois dans l’industrie dans les dix prochaines années, en comptant les 800.000 à 900.000 personnes qui vont partir à la retraite sur cette période dans le secteur.

“Il va sans doute falloir avoir recours à l’immigration. Il va falloir faire feu de tout bois pour que la nation française soit à nouveau une nation industrielle, écologique et souveraine”, a-t-il poursuivi.

L’immigration économique est ainsi vue comme un complément essentiel à la formation des jeunes. “Si on arrive à former 800.000 à 900.000 jeunes, ce sera exceptionnel. Il en manquera encore 100.000 à 200.000 qu’il faudra, sans doute, aller chercher ailleurs”, a estimé Roland Lescure. L’enjeu de la Semaine de l’Industrie et des 5.500 événements organisés jusqu’à dimanche partout en France est donc de donner une image plus attractive du secteur pour convaincre les Français de postuler.