Foodwatch va porter plainte contre Nestlé pour des traitements interdits sur ses eaux minérales

L’association de défense des consommateurs Foodwatch dénonce une “fraude massive” du groupe Nestlé. JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

«Ã‚ L’eau en bouteille n’était pas aussi pure qu’on le croyait. » L’association de défense des consommateurs Foodwatch va porter plainte ce mercredi contre Nestlé Waters et le groupe Sources Alma pour les traitements de désinfection interdits auxquels ils ont eu recours sur leurs eaux minérales, dont Vittel et Perrier, a-t-elle fait savoir. « Personne, pas même une multinationale comme Nestlé, n’est au-dessus des lois », estime Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch, citée dans un communiqué.

«Ã‚ C’est la raison pour laquelle nous portons plainte aujourd’hui » devant le tribunal judiciaire de Paris contre ces deux entreprises pour neuf infractions à la directive européenne sur les eaux minérales, au Code de la consommation et au Code de la santé publique, explique-t-elle.

« Nestlé Waters mais aussi l’État français devront répondre »

Fin janvier, le numéro un mondial de l’eau minérale Nestlé Waters avait révélé dans la presse qu’il avait recouru à des traitements interdits d’ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux minérales (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex) pour maintenir « leur sécurité alimentaire ». Des pratiques courantes dans le cas de l’eau du robinet, dénuées de risques sanitaires, mais interdites pour les eaux minérales naturelles dans l’Union européenne.

«Ã‚ Recourir à des systèmes de traitement de l’eau tels que des filtres à charbon ou des filtres UV, remplir les bouteilles avec de l’eau du robinet, dissimuler ces procédés aux yeux des contrôleurs, commercialiser des produits non conformes, c’est tout simplement interdit », insiste l’association, qui compare cette « fraude » au « scandale de la viande de cheval il y a une dizaine d’années ».

Nestlé Waters a par ailleurs reconnu avoir informé de ces pratiques dès 2021 les autorités françaises, qui ont alors ouvert une enquête concluant que « près de 30 % des désignations commerciales » dont certaines du groupe Sources Alma « subissent des traitements non conformes » en France, avaient rapporté Le Monde et Radio France fin janvier. « C’est une fraude massive dont Nestlé Waters, le groupe Sources Alma mais aussi l’État français devront répondre », estime Foodwatch.

L’association a adressé une lettre à la Commission européenne, dénonçant « la complaisance de la France, mouillée dans cette affaire depuis plusieurs années, qui aurait dû alerter les autorités européennes et les autres États membres importateurs de ces eaux ». Le parquet d’Épinal, dans les Vosges, avait annoncé fin janvier l’ouverture d’une enquête préliminaire à l’encontre de la filiale du groupe suisse pour tromperie.

«Ã‚ Ce nouveau scandale souligne l’opacité dénoncée par Foodwatch depuis plusieurs années et qui entoure systématiquement les fraudes alimentaires alors que les consommateurs et consommatrices exigent de la transparence, des contrôles et des sanctions exemplaires », conclut le communiqué de l’association.