Cette nouvelle montre vintage Tag Heuer est l'une des plus brillantes de l'année 2023

En 1971, au siège de Ferrari à Maranello, en Italie. Jack Heuer, qui a pris la tête de l’entreprise Tag Heuer fondée par son arrière-grand-père, s’apprête à rencontrer le directeur du constructeur automobile, Enzo Ferrari. Il a une offre à lui faire : en échange d’une campagne de promotion de sa marque via les équipements Ferrari, Tag Heuer cédera à Ferrari son système de chronométrage et offrira une variation de la Carrera à ses pilotes. Nommée en référence à la prestigieuse compétition automobile mexicaine de Carrera Panamericana, la montre en question résonne avec l’identité de Ferrari. Sa nouvelle version permettrait aux sportifs de se chronométrer, mais aussi et surtout de jouir d’un modèle non plus en acier comme la Carrera classique, mais en or 18 carats. L’idée séduit immédiatement Enzo Ferrari. La référence 1158 CHN est née, CHN désignant les tons champagne (CH) et noirs (N) du cadran.

Montre de Ronnie Peterson Heuer Carrera 1158 CHN a été mise aux enchères puis intégrée au musée Tag Heuer. © Sotheby’s

Depuis cette rencontre, la Carrera dorée est devenue la montre de prédilection des pilotes de Ferrari comme Jacky Ickx, Niki Lauda et Clay Regazzoni (Mario Andretti a adopté une version légèrement différente, sans cadran noir). Comme l’explique Jeff Stein, fondateur du site web OnTheDash, spécialisé dans l’univers de TAG Heuer, les pilotes la portaient au quotidien, non pas par obligation mais par plaisir. “Jack Heuer était un pionnier : il s’est associé à Ferrari avant que toutes les marques ne fassent la même chose et ne prêtent leurs montres aux pilotes de haut niveau.” L’ancien PDG de Tag Heuer, qui fêtera ses 91 ans cette année, abonde : “Ma stratégie a fonctionné. Les ventes ont tout de suite explosé.”

Associée à l’âge d’or de Ferrari, la Carrera dorée jouit encore aujourd’hui d’une excellente réputation. La preuve s’il en fallait une : Ryan Gosling la porte au poignet dans le blockbuster de l’été, Barbie. Fabriqué à l’origine à quelques centaines d’exemplaires et donc très rare, le modèle fait partie des montres emblématiques du catalogue de la maison horlogère. Si elle dévoile aujourd’hui un design inédit, c’est pour fêter les 60 ans du modèle original, la Carrera en acier. Tag Heuer présente en effet sa CHN revisitée parmi un panel de rééditions (dont une réédition de la Panda Dial et de la Skipper). Ces nouvelles sorties n’ont rien d’anodin : elles font entrer la Carrera dans le panthéon des meilleures montres de sport aux côtés de la Daytona de Rolex, par exemple.

La version 2023 de la Tag Heuer Carrera Chronograph, en 39 mm. © Tag Heuer

Vendue à 21.750 euros  et quasi identique à l’original de 1971, la nouvelle Carrera ne manquera pas de séduire les collectionneurs. Comme l’a souligné Nicholas Biebuyck, directeur du patrimoine de TAG Heuer, rééditer un classique n’est jamais évident : les rééditions s’écartant trop du modèle original ont tendance à déplaire aux puristes. La CHN nouvelle génération affiche ainsi de nouveaux détails plus ou moins discrets, comme un troisième cadran. Si certains amateurs tiqueront devant cette originalité, la majorité sera sans doute ravie de découvrir un modèle alternatif à l’original, ce dernier se négociant plus de 30.000 euros aux enchères.

Pour Jeff Stein, la CHN fait partie des plus beaux modèles de la marque. “Elle est très recherchée. Vous faites partie d’une communauté de prestige, d’un club quand vous en avez une. Si je pouvais ajouter une montre à ma collection, c’est celle-là que je choisirais. Moi aussi, je veux faire partie du ‘Club Carrera CHN’. Lors de sa sortie, le modèle était vu comme une bizarrerie. Les montres cool étaient en acier, pas en or massif. Mais voilà, en 2023, les choses ont changé. Les modèles les plus en vue sont à la fois sportifs et luxueux – pensez à la Royal Oak d’Audemars Piguet et à la Nautilus de Patek Philippe. La nouvelle CHN sort au bon moment.”