Bousculades, crachats, coups à la tête… En Allemagne, les élus font face à une explosion des agressions
Berlin fait face à une multiplication des attaques contre des femmes et des hommes politiques
Le premier ministre de l’État de Rhénanie du Nord-Westphalie, Hendrik Wuest, s’adresse aux participants d’une manifestation contre l’extrême droite et pour condamner les attaques contre des politiciens, devant la porte de Brandebourg à Berlin, en Allemagne, le 5 mai 2024.
Attaques – Berlin fait face à une multiplication des attaques contre des femmes et des hommes politiques
A l’approche des élections, les élus allemands sont de plus en plus nombreux à rapporter des agressions. Certaines de ces attaques sont tellement violentes que les victimes doivent être hospitalisées. Mais que se passe-t-il ? 20 Minutes fait le point pour vous sur cette hausse de la violence outre-Rhin.
Qui est la dernière victime ?
L’ancienne maire de Berlin, Franziska Giffey, a rejoint mardi la longue liste des élus victimes d’agression en Allemagne. Un suspect de 74 ans a été arrêté mercredi après l’agression de cette figure du parti social-démocrate d’Olaf Scholz. Elle se trouvait mardi dans une bibliothèque du sud de la capitale lorsqu’un homme l’a frappée à la tête et au cou avec un sac lourd avant de s’enfuir.
L’homme est déjà connu pour des faits relevant de « la sécurité de l’Etat et de crimes de haine », a déclaré la police, ajoutant qu’elle enquêtait sur le motif de l’attaque. Les procureurs examinent également la possibilité d’envoyer l’homme en soins psychiatriques, des éléments indiquant qu’il pourrait souffrir d’une maladie mentale.
Franziska Giffey a été soignée à l’hôpital pour des douleurs à la tête. « La première frayeur passée, je peux dire que je vais bien », a-t-elle réagi. « Néanmoins, je suis préoccupée et bouleversée par l’intensification d’une “culture sauvage” vis-à-vis de ceux qui s’engagent en politique ».
Est-ce qu’il y a vraiment une « culture sauvage » contre les politiques en Allemagne ?
Plusieurs responsables politiques ont été menacés ou agressés ces derniers temps en Allemagne dans un contexte tendu de campagne électorale avant le scrutin européen du 9 juin et plusieurs élections régionales en septembre. Selon les chiffres provisoires de la police, 2.790 délits ont été commis contre des responsables politiques en Allemagne en 2023, contre 1.806 l’année précédente, mais moins que les 2.840 enregistrés en 2021, année des élections législatives.
La multiplication des violences, insultes, menaces contre le personnel politique est devenue un sujet de préoccupation majeure dans le pays. Le gouvernement a dénoncé mercredi « un climat d’intimidation et de violence » inacceptable.
Ceux qui attaquent les élus « s’en prennent à notre démocratie », a dénoncé l’actuel maire de Berlin, le conservateur Kai Wegner. Mardi, les ministres de l’Intérieur des Länder ont convenu d’étudier un durcissement de la loi contre ce type d’agressions, la ministre fédérale Nancy Faeser préconisant d’opposer « un signal stop très clair » aux agresseurs.
Quel est le cas le plus emblématique de cette montée des violences ?
Le cas le plus grave concerne un eurodéputé du parti d’Olaf Scholz, qui a été grièvement blessé la semaine dernière par quatre personnes alors qu’il collait des affiches dans la ville de Dresde, en Saxe, dans l’ex-RDA communiste. Matthias Ecke, 41 ans, a dû être opéré pour des blessures au visage. L’attaque a été dénoncée par Olaf Scholz comme une menace pour la démocratie. Quatre suspects, âgés de 17 à 18 ans, sont visés par l’enquête sur ces violences.
Selon les médias allemands, ils auraient tous des liens avec un groupe d’extrême droite connu sous le nom de « Elblandrevolte ». Ce groupuscule serait proche de l’organisation des jeunes du parti néonazi NPD, qui s’est rebaptisé « Die Heimat » (la Patrie). Dresde s’est distinguée par plusieurs agressions contre des élus et un nouveau cas a été signalé mardi soir.
Une représentante du parti écologiste de 47 ans qui collait des affiches électorales a été bousculée et menacée par un homme. Une autre femme s’est ensuite approchée et lui a craché au visage, a indiqué la police du Land.
Pourquoi l’extrême droite est-elle pointée du doigt ?
Les deux suspects de l’agression d’une représentante écologiste à Dresde faisaient partie d’un groupe qui se tenait non loin de là, dont certains avaient fait le salut hitlérien – geste interdit en Allemagne – quand l’écologiste avait commencé à coller ses affiches.
Depuis l’indignation suscitée ce week-end par l’agression de l’eurodéputé Ecke, de nombreux responsables allemands ont mis en cause la responsabilité du parti d’extrême droite AfD dans la propagation de discours de haine favorisant les violences. Le parti a connu une forte progression dans les sondages depuis un an, tout en étant mis en cause dans un nombre croissant de scandales.
MondeEuropéennes 2024 : Un ado se rend à la police après l’agression d’un eurodéputé en AllemagneMonde« Un nid d’espions »… Pourquoi l’Allemagne aimante-t-elle tous les services de renseignement de la planète ?