Élections européennes : l’hypothèse Véran suscite peu d’enthousiasme

Élections européennes : l’hypothèse Véran suscite peu d’enthousiasme

Tout ça pour ça? Le remaniement ministériel semble n’avoir, pour le moment, que très peu d’effet sur les prochaines échéances électorales. Notamment pour la famille des macronistes.

En dépit de sa notoriété politique importante, Olivier Véran, que l’on dit pressenti pour conduire la liste Renaissance à la place de Stéphane Séjourné, ne récolterait que 18 % des scrutins aux élections européennes de 2024, un score très largement inférieur à celui obtenu par La République en marche lors du scrutin de 2019 (22,4 %) et, plus encore, par rapport à celui d’Emmanuel Macron au premier tour de la dernière présidentielle (27,8 %).

Le socle électoral de la macronie se réduit

Notre sondage, réalisé deux jours après la nomination de Gabriel Attal à Matignon et le retour de Rachida Dati au gouvernement, montre que le socle électoral de la macronie se réduit fortement. Ainsi, la liste Renaissance ne séduirait que six électeurs sur dix d’Emmanuel Macron, sans réussir à en conquérir d’autres, car elle n’attire dans pratiquement aucun autre électorat, si ce n’est une fraction des électeurs de Valérie Pécresse (25 %). « C’est le signe que le début du quinquennat a apporté plus de satisfaction aux citoyens ayant une sensibilité de droite qu’à ceux ayant une sensibilité de gauche », estime Jean-Yves Dormagen, chercheur en sciences politiques et fondateur de l’institut Cluster 17.

À LIRE AUSSI Remaniement : qui sont les ministres écartés du gouvernement Attal ? La liste Renaissance risque d’être supplantée par celle du Rassemblement national conduite par Jordan Bardella, qui récolterait 28,5 % des scrutins, une avance de plus de 10 points. « Un tel résultat aurait pour conséquence une perte de légitimité considérable et entraînerait une réelle difficulté à gouverner, a fortiori en l’absence de majorité au Parlement », analyse Jean-Yves Dormagen.

Triomphe des droites identitaires

Du côté des droites, outre la position de leadership incontestée du RN, plusieurs enseignements méritent d’être soulignés. La liste Reconquête conduite par Marion Maréchal, avec 7 % des voix, paraît en situation de rééditer le score obtenu par Éric Zemmour lors de la dernière présidentielle, faisant ainsi élire des députés au Parlement européen.

«Ã‚ Un tel résultat confirmerait que le ?zemmourisme? reflète bien une réelle demande électorale correspondant à un segment de la population combinant valeurs identitaires, positions conservatrices, demande d’ordre et qui ne se reconnaît complètement ni dans le RN ni dans la droite traditionnelle », explique le sondeur. L’ensemble des droites identitaires (RN, Reconquête, Debout la France) totaliserait 38,5 % des intentions de vote.

La droite traditionnelle menacée

La droite classique semble en grande difficulté, écartelée entre les sirènes du macronisme et celles de la droite identitaire. Ainsi, une liste Les Républicains obtiendrait aujourd’hui 7 % des suffrages, soit un score encore inférieur à celui qui était le sien lors des dernières européennes (8,5 %) et, plus encore, des dernières législatives (10,4 %).

L’entrée au gouvernement de personnalités politiques issues de la droite complique sans doute encore un peu l’équation des Républicains qui cherchent le moyen de conserver leur base électorale.

Le retour du PS ?

Enfin, le sondage confirme que la gauche ne parvient pas à capitaliser chez les mécontents de la politique gouvernementale. Alors que les scrutins intermédiaires, comme les européennes, sont normalement favorables aux oppositions, elle ne connaît aucune progression significative. Toutes listes confondues, elle obtiendrait 31 % des suffrages, soit un score légèrement inférieur à celui qu’elle avait obtenu lors des dernières élections législatives (32 %). Dans le cadre de la tripartition politique actuelle, elle ne parvient pas, pour l’instant, à dépasser ce plafond de verre et reste très largement distancée par les offres de la droite identitaire.

À l’intérieur de la gauche, des évolutions sont néanmoins observables. La liste du Parti socialiste conduite par Raphaël Glucksmann connaît une progression (11 %) et devance, pour le moment, de trois points les Écologistes (8 %), eux-mêmes au coude à coude avec la liste de La France insoumise (7,5 %). Un tel résultat marquerait une forte progression des socialistes par rapport aux dernières européennes (6,2 %)? sans commune mesure avec le score d’Anne Hidalgo lors de la dernière présidentielle (1,8 %). « Un score à deux chiffres s’expliquerait principalement par la capacité d’une liste PS à attirer un électorat social-démocrate que la réforme des retraites, la loi immigration et la polémique sur Gérard Depardieu tendent à éloigner du camp présidentiel, analyse Jean-Yves Dormagen. Dans ce contexte, près d’un électeur d’Emmanuel Macron sur six pourrait voter pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann. »

Les mois à venir permettront de vérifier si Gabriel Attal et son gouvernement sont en mesure d’amorcer une remontada vitale pour la suite du quinquennat. En cas d’échec, la fin du mandat présidentiel pourrait s’apparenter à un long chemin de croix.

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Sondage Cluster 17 réalisé pour « Le Point » effectué du 13 au 14 janvier 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 1 955 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 2 011 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus. Parmi elles, 1 738 répondants ont exprimé une intention de vote. Après redressement et pondération en fonction des variables sociodémographiques et de la probabilité de vote, l’effectif utile est de 1 209 personnes. La marge d’erreur est comprise entre 1,2 et 2,8 points. L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de commune et de la région de résidence. L’enquête a fait l’objet d’un redressement sociodémographique (données Insee) et d’un redressement politique sur la base de la reconstitution des votes suivants : premier tour de la présidentielle 2022 et européennes 2019. Le questionnaire a été auto-administré en ligne.