« Ça a été un carnage » : 131 abandons sur la Flèche wallonne, au milieu du froid, de la pluie… et de la neige !

La course a été marquée par des conditions météorologiques dantesques. BELGA PHOTO JASPER JACOBS

On attendait Mattias Skjelmose aux avant-postes de cette Flèche wallonne. Mais le leader de la Lidl-Trek, deuxième l’an dernier derrière Tadej Pogacar, a subi comme bon nombre de coureurs les conditions météorologiques cataclysmiques de ce mercredi après-midi. De la pluie, parfois même de la neige fondue et un froid glacial ont contraint près des trois quarts du peloton à l’abandon. Sur les 175 coureurs au départ de Charleroi, seuls 44 ont franchi la ligne d’arrivée en haut du mur de Huy.

À 64 km de l’arrivée, au moment d’aborder la deuxième ascension du mur, le coureur de 23 ans est apparu en très grande difficulté sous sa veste noire. Victime d’hypothermie, il abandonnera quelques instants plus tard, tout comme plusieurs de ses coéquipiers. Sur le bord de la route, un spectateur a filmé le moment où Skjelmose quitte la course. Les images sont impressionnantes.

On voit le coureur pris de spasmes, incapable de descendre seul de son vélo. Frigorifié, le Danois ne peut même pas marcher et doit être porté par un membre du staff pour être évacué de la route et ramené au chaud. Depuis, le Danois va mieux, comme nous le confirme son coéquipier Julien Bernard. « On est passé de six degrés et un ciel bleu à zéro degré avec de la neige et de la grêle. Ça a été un carnage immédiat », rapporte le Français.

« Au moment de la première montée du mur, il a commencé à pleuvoir et les UAE ont accéléré au même moment. Beaucoup ont préféré ne pas aller chercher d’imperméable pour ne pas être largués mais au bout de 20 km, tout le monde était transi de froid. C’est ceux qui se sont réchauffés qui ont eu raison », se souvient le coureur, qui s’est lui aussi retrouvé incapable de pédaler à cause de la météo.

Skjelmose et Bernard n’étaient pas les seuls à abandonner ce mercredi, loin de là. Alexis Vuillermoz (TotalEnergies), qui prendra sa retraite à la fin de la saison, a lui aussi souffert. Après une bonne douche chaude, il est revenu sur son après-midi agitée. « La pluie mêlée à la grêle et à la neige, ça durcit les muscles et les articulations prennent. Surtout les genoux et les chevilles. On voit à la douche qu’elles sont enflées », explique celui qui a déposé son vélo au moment d’entamer le deuxième tour du circuit.

Des températures proches de 0 degré

« Il y avait déjà eu un gros écrémage à l’entrée du circuit. Presque la moitié des coureurs ont abandonné. De toute façon, sur la Flèche, si tu es largué par rapport au groupe de tête, c’est très dur de terminer dans les délais », continue le coureur de 35 ans. « On se doutait qu’il y aurait de la pluie, voire des orages et que l’eau serait froide vu les températures qui n’étaient que de quelques degrés. Mais ça a oscillé entre zéro et un degré, ce qui a favorisé la neige. »

Son compatriote Benoît Cosnefroy, vainqueur de la Flèche brabançonne, a lui terminé la course à la quatrième place, mais non sans difficulté. « Les 80 derniers kilomètres, j’étais gelé. Je ne pensais pas faire l’arrivée. Ça fait longtemps que je n’avais pas été dans cet état. J’ai voulu gérer ma montée pour ne rien regretter, mais là, je suis au bout. J’ai vraiment très, très froid. La Groupama-FDJ m’a même ravitaillé à la voiture parce que tout le monde était frigorifié. Ce n’est vraiment pas des courses faciles à faire », a témoigné le coureur de la Décathlon-AG2R. « J’ai un respect immense pour les mecs qui ont fini », applaudit Julien Bernard.

Ce dimanche, les coureurs retrouveront les routes wallonnes pour la doyenne des Classiques, Liège-Bastogne-Liège. Sans la pluie et les températures hivernales ? « C’est mal parti ! Ils n’annoncent pas une météo au top. Mais on ne pourra pas être plus déçus qu’aujourd’hui », sourit Alexis Vuillermoz.