Boeing : la loi des séries (noires)
Boeing : la loi des séries (noires)
La série noire continue pour Boeing. Alors que les incidents sur les avions se multiplient, un ancien employé du plus grand fournisseur de Boeing assure que des pièces quittaient régulièrement l’usine avec de graves défauts, explique le Guardian ce 9 mai. Santiago Paredes a travaillé douze ans chez Spirit AeroSystems, au Kansas, entre 2010 et 2022. Il a déclaré qu’il était habitué à trouver « entre 50 et 100, 200 » défauts sur les fuselages ? le corps d’un avion où se fixent les ailes ? qui étaient expédiés à Boeing. Ce lanceur d’alerte dirigeait une équipe d’inspecteurs qui se trouvaient à la fin de la chaîne de production du 737 Max.
Selon lui, l’entreprise « voulait juste que le produit soit expédié. Ils ne se sont pas concentrés sur les conséquences du transport de fuselages défectueux. Ils se concentraient simplement sur le respect des quotas, du calendrier, du budget? Si les chiffres semblaient bons, l’état des fuselages n’avait pas vraiment d’importance », raconte-t-il dans une interview accordée à la BBC. Santiago Paredes dit avoir trouvé « beaucoup de fixations manquantes, beaucoup de pièces pliées, parfois même des pièces manquantes ».
Enquête sur les Boeing Dreamliner
L’ancien salarié de Spirit AeroSystems assure avoir subi des pressions de l’entreprise, qui lui aurait demandé d’être moins regardant lors de ses inspections. Il aurait été renommé le « showstopper », le « frein » en français, pour avoir ralenti le processus de production alors qu’il voulait résoudre certains problèmes. Afin de réduire le nombre de défauts enregistrés, l’un de ses supérieurs lui aurait demandé de modifier la manière dont ils étaient signalés. Un changement que Santiago Paredes n’a pas accepté. Il aurait alors été rétrogradé à un autre poste. Spirit AeroSystems assure être « fortement en désaccord » avec les allégations de Santiago Paredes. « Nous nous défendons vigoureusement contre ses affirmations », a annoncé l’un de ses porte-parole à la BBC. Ce sous-traitant de Boeing est visé par une enquête du parquet général du Texas depuis fin mars. « Des défauts apparents de fabrication ont conduit à de nombreux incidents inquiétants ou dangereux » sur des modèles de 737, a estimé le procureur général texan Ken Paxton. En parallèle, Boeing voulait augmenter la cadence de production de ses 737 pour en produire 50 par mois. Mais l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA) a décidé de geler le niveau de production à 38 par mois, après une enquête. Lundi 6 mai, la FAA a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête, portant cette fois sur les 787 Dreamliner, afin de déterminer si « les inspections requises sur certains Dreamliner ont été effectuées et si des employés ont falsifié des documents », explique un communiqué. À LIRE AUSSI 23 juillet 1983. Le jour où un Boeing tombe en panne sèche à 10 000 mètres
Des incidents réguliers
Les révélations tombent mal. Jeudi 9 mai, un Boeing 737 affrété par la compagnie Air Sénégal est sorti de la piste pendant son décollage, faisant onze blessés dont quatre graves. Le gestionnaire a indiqué que « les circonstances exactes de l’incident restent à déterminer, mais une enquête est déjà en cours pour établir les causes de la sortie de piste ».
Un jour plus tôt, un Boeing 767 cargo de la compagnie Fedex a effectué un atterrissage d’urgence à Istanbul, son train d’atterrissage avant ne s’étant pas ouvert? Et, la veille, mardi 7 mai, un 787 d’Air France reliant Paris à Seattle, aux États-Unis, a été dérouté vers un aéroport canadien à la suite de « l’apparition d’une odeur de chaud ressentie en cabine ».