Otxandio, le 21 avril 2024. Le candidat d’EH Bildu, Pello Otxandiano, montre sa carte d’identité avant de voter pour les élections régionales au Pays basque espagnol. AFP/Ander Gillenea
EH Bildu prend la pole position. Considéré comme l’héritier de la branche politique d’ETA, le parti séparatiste apparaît en mesure de remporter dimanche les élections régionales au Pays basque espagnol, un scrutin où les socialistes du Premier ministre Pedro Sánchez joueront le rôle d’arbitre.
Les bureaux de vote ont ouvert à 9 heures (7 heures GMT) et fermeront à 16 heures (18 heures GMT) dans cette riche région industrielle du nord de l’Espagne, peuplée de 2,2 millions d’habitants (dont 1,8 million sont appelés à voter) et où les autorités régionales disposent de compétences considérables (police, éducation, santé, prisons…).
Pour la première fois, les sondages – dont les derniers ont été publiés il y a une semaine – donnent EH Bildu gagnant, de peu, devant le Parti nationaliste basque (PNV), formation conservatrice dominant la vie politique régionale depuis des décennies.
Stratégie électorale gagnante
Un peu plus de dix ans après l’abandon en 2011 de la lutte armée par ETA, tenue pour responsable de la mort de plus de 850 personnes en quatre décennies de violences, un tel résultat constituerait un séisme politique. « C’est l’opportunité d’un changement, d’abandonner des politiques et des façons de faire politiques dépassées, et renverser le sentiment d’inertie », a déclaré devant des journalistes le candidat d’EH Bildu, Pello Otxandiano, après avoir voté dans sa ville natale d’Otxandio.
EH Bildu a mené ces dernières années une stratégie électorale gagnante, en mettant au deuxième plan ses revendications indépendantistes pour se focaliser sur les questions sociales, l’écologie, le féminisme… « La plupart des jeunes qui votent aujourd’hui n’ont pas connu le terrorisme » et si « on est de gauche et soucieux des questions sociales, on vote pour Bildu », assure Elena Garcia, une éducatrice spécialisée rencontrée à Bilbao, qui va voter pour le parti séparatiste de gauche.
Si EH Bildu devient la première force au parlement régional, il « ne gouvernera pas (…) car aucun parti ne voudra s’allier avec lui » pour constituer une majorité, prédit cependant Pablo Simon, politologue à l’Université Carlos III de Madrid. Le PNV et le Parti socialiste de Pedro Sánchez, troisième dans les sondages, ont en effet fermé la porte à une alliance avec ce parti dirigé par un ancien membre d’ETA, Arnaldo Otegi.
La classe politique se tient à l’écart
EH Bildu « a une dette envers la société basque et tant que (ce parti) ne condamnera pas le terrorisme », les socialistes « ne signeront aucun type d’accord » avec lui au Pays basque, a assuré le candidat socialiste aux régionales, Eneko Andueza. Refusant cette semaine de qualifier ETA de groupe « terroriste », le candidat d’EH Bildu, Pello Otxandiano, s’est attiré les condamnations unanimes de la classe politique espagnole.
Le Premier ministre Pedro Sánchez fait face, au niveau national, aux attaques incessantes de l’opposition de droite qui l’accuse de « blanchir » les « héritiers d’ETA » en bénéficiant du soutien des députés d’EH Bildu au Parlement espagnol. En décembre, l’aide apportée par les socialistes à EH Bildu dans sa prise de contrôle de la mairie de Pampelune, capitale de la Navarre (nord), avait fait particulièrement enrager l’opposition.
La tournure de ce scrutin régional laisse donc le Premier ministre dans une situation d’arbitre inconfortable, le PNV étant un autre allié parlementaire absolument indispensable de son gouvernement minoritaire. Selon les analystes, le scénario le plus probable est une reconduction de la coalition actuellement au pouvoir dans la région entre le PNV et les socialistes. Et si une telle perspective pourrait provoquer un mouvement d’humeur d’EH Bildu, « l’issue des élections basques ne devrait pas menacer la stabilité du gouvernement » espagnol, juge Federico Santi, analyste du cabinet Eurasia group.
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