Matheuse, précoce et gros mental : qui est Méline Rollin, nouvelle recordwoman de France du marathon ?

Méline Rollin a battu le record du France de marathon de 10 secondes. Un véritable exploit. MAXPPP

Elle entre dans l’histoire du marathon français. À seulement 25 ans, Méline Rollin vient de battre le record de France de la distance en réalisant un chrono exceptionnel de 2h24′12′’. Pour sa troisième course sur la distance seulement, elle bat de 10 secondes la marque de Christelle Daunay qui tenait depuis près de 14 ans, et dans le même temps, valide quasiment sa place à Paris l’été prochain. Les résultats d’une ascension parfaitement linéaire.

L’Ardennaise a commencé l’athlétisme à 9 ans, dans les pas d’un père, champion de France masters sur piste. « Au début, c’était clairement en dilettante pour rigoler avec les copains mais c’est vrai que dans ma famille, quand j’ai commencé, mon père courait, mon frère faisait aussi de l’athlé plutôt du saut en longueur. Bref, j’ai toujours baigné dedans », explique-t-elle à nos confrères de Running Attitude.

Une ingénieure informaticienne sur la piste

Mais dès ses premières années sur piste, la native de Villers-Semeuse (Ardennes) déclare un faible pour les longues distances. « Méline a un profil à être de plus en plus performante, plus la distance augmente. C’est l’une de ses caractéristiques », décrypte Azis Zidane, son entraîneur depuis près de 10 ans, pour Stadion Actu. Vice-championne de France en juniors sur 3 000 m, elle s’épanouit au fur et à mesure que la course dure, au point déjà de rêver de 10 km, voire plus.

Mais la Française privilégie à l’époque ses études. Celle que ses professeurs imaginaient en classe préparatoire est finalement major de sa promotion en licence de maths à Lille, pendant qu’elle continue de performer sur les pistes… Avant de se mettre à rêver des Jeux olympiques, seule dans son coin. En 2020, Méline Rollin veut s’aligner sur ses premières très longues distances. En commençant par le semi-marathon. Mais une petite blessure avant le Covid-19 interrompt sa marche en avant.

Ce n’est finalement que partie remise. Embauchée en tant qu’ingénieure informaticienne chez Décathlon, elle court son premier semi-marathon au début de l’année 2022. À Paris, là où deux ans seulement plus tard, elle s’apprête à courir le marathon des Jeux olympiques. À chaque sortie ou presque, la Française de 25 ans bat ses propres records. 8e du semi-marathon des Jeux Méditerranéens toujours en 2022, Méline Rollin en a encore sous le pied et s’aligne pour son premier marathon en décembre 2022 à Valence.

« Une force mentale naturelle »

Résultat : un chrono de 2h30′27′’, le meilleur de l’année pour une marathonienne française, le 10e meilleur chrono hexagonal de tous les temps chez les femmes. En 2023, l’athlète de la Team Décathlon pour les Jeux poursuit son ascension linéaire en se rapprochant des minimas – 2h26′55′’ à seulement 5 secondes – à l’automne, du côté d’Amsterdam, dans des conditions dantesques. « Elle a une force mentale. C’est naturel chez elle. On n’a jamais senti le besoin d’être accompagné », confie son coach Azis Zidane.

Pour son troisième marathon à Séville, la licenciée du Givet Revin Athlétic Club avait vu les choses en grand avec une longue préparation au Portugal, et parlait même d’aller chercher ce record de France. « Je ne me fixe pas de limites. Si je progresse à chaque marathon, pourquoi pas aller chercher ce record de France », expliquait-elle en octobre dernier.

Ce dimanche matin, elle a réalisé, finalement presque en toute logique, ce qu’elle attendait. Décrocher la marque de Christelle Daunay, ancienne championne d’Europe de la distance. Le tout, il faut le souligner, dans des conditions parfaites et avec les chaussures nouvelle génération. Mais peu importe, la place aux Jeux est désormais presque assurée, à moins qu’une autre coureuse batte son record d’ici fin avril. « Ce serait la cerise sur le gâteau d’être aux Jeux et à Paris, avec toute ma famille pour me soutenir ! J’ai envie d’y être bien sûr car cela ne se reproduira pas avant la fin de ma carrière sportive ces JO à domicile », résume-t-elle. Sinon, il faudra attendre Los Angeles en 2028. La marathonienne n’aura même pas encore 30 ans.