Auchan, Decathlon, Leroy Merlin… L’empire Mulliez dans le viseur de la justice pour une possible fraude fiscale
Plusieurs héritiers de la famille ont été mis en examen
Le logo de l’enseigne Auchan, qui appartient au groupe Mulliez.
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Des fissures dans l’empire Mulliez ? Le groupe détenteur d’Auchan, Leroy Merlin ou Décathlon est au cœur d’une enquête menée à Paris sur des soupçons de fraude fiscale, dans laquelle plusieurs héritiers de la famille ont été mis en examen. Une sorte de pacte d’actionnaires régit la « galaxie » d’entreprises Mulliez à la structure complexe et opaque : elle mélange des sociétés civiles détenues par la famille et des holdings gérant les enseignes.
Seuls les descendants du couple Mulliez d’origine, Louis et Marguerite, ainsi que leurs conjoints, communément appelés « valeurs ajoutées », sont autorisés à posséder des participations. Tous ont intégré – après un séminaire de trois jours – l’Association familiale Mulliez (AFM), un groupement d’intérêt économique aujourd’hui fort de plusieurs centaines de membres basé à Roubaix et créé en 1955.
Soupçons de prêts très élevés et sans intérêts
En 2012, selon une source judiciaire confirmant Libération, un ex-membre de la famille, Hervé Dubly, dénonce dans une première plainte à Lille « des prêts très élevés sans écrits et sans intérêts accordés » par des structures du groupe « à des sociétés étrangères (plusieurs centaines de millions) et à des personnes physiques via des sociétés civiles personnelles ou familiales (plusieurs millions) ». Le plaignant y voit des prêts opaques et sans justification apparente constituant un abus de confiance, notamment en ce qu’ils ne respecteraient pas l’égalité entre les associés.
L’enquête, confiée depuis de nombreuses années à des juges financiers parisiens, se penche sur ce montage qui « pourrait permettre également une minoration de l’impôt en France (permettant par exemple de bénéficier de dividendes à l’étranger) et serait donc susceptible de recevoir la qualification de fraude fiscale aggravée ou de blanchiment de fraude fiscale aggravée », précise la source judiciaire.
Plusieurs mises en examen
L’enquête a donné lieu à des perquisitions dont la presse avait déjà fait état en 2016 en France, en Belgique et au Luxembourg, mais aussi à d’autres aux Pays-Bas en 2019. A ce jour, plusieurs mises en examen ont été prononcées : Jérôme et Thierry Mulliez en 2019, ainsi qu’un gérant d’une société néerlandaise liée au groupe en 2020, pour abus de confiance et blanchiment de fraude fiscale, et trois structures financières, en janvier 2023, pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée. Une membre de la famille Mulliez a quant à elle été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté en 2019.
La source judiciaire a relevé que c’est la qualification de blanchiment qui a été retenue par la justice. En 2023, les juges d’instruction ont clos une première fois leurs investigations. Mais depuis, la Direction des vérifications nationales et internationales (DVNI), les limiers du fisc, ont transmis au magistrat instructeur les pièces du contrôle fiscal toujours en cours, selon la source judiciaire. Le versement de ces pièces en procédure pourrait décaler l’issue de celle-ci et en modifier les conclusions.
« Les flux financiers sont transparents »
Contactés, plusieurs avocats en défense n’ont pas souhaité s’exprimer ou n’ont pas répondu aux sollicitations de l’AFP. L’un d’entre eux a toutefois assuré que tous les mis en cause étaient « parfaitement sereins », et avaient déposé des observations aux fins de non-lieu. Selon la source judiciaire, la décision de poursuivre « dépendra pour beaucoup de l’analyse de la DVNI ».
Alors que selon une source proche du dossier, l’enquête porte bien « sur l’organisation des sociétés et holdings Mulliez » en général « plutôt que sur des dérives individuelles », l’AFM s’est dite « totalement sereine ». « Les flux financiers sont totalement transparents et s’inscrivent dans une logique de développement économique. Aucun bénéfice fiscal n’était recherché, aucun bénéfice fiscal n’a été réalisé. Aucun », a encore insisté l’AFM.
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