Un avion militaire britannique décolle avant de mener des frappes contre les rebelles Houthis au Yémen, le 12 janvier 2024. Reuters/Handout/Uk Mod/Sgt Lee Goddard
Voilà une première réponse contre les actions des Houthis en mer Rouge. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené des bombardements dans la nuit de jeudi à ce vendredi contre ces rebelles du Yémen qui menacent depuis des semaines le trafic maritime international en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas let 7 octobre.
En quoi ont consisté les bombardements américains et britanniques ?
Ces frappes ont ciblé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, a indiqué la chaîne de télévision de ce groupe rebelle membre de « l’axe de la résistance », regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et établis par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. La capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida, où les correspondants de l’AFP ont dit avoir entendu plusieurs explosions, ainsi que Taëz et Saada ont été visées.
«Ã‚ Ces frappes ciblées sont un message clair (indiquant) que les États-Unis et nos partenaires ne toléreront pas les attaques sur nos troupes (et) ne permettront pas àdes acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation àtravers l’une des routes commerciales les plus importantes du monde », a justifié le président américain Joe Biden.
Les bombardements ont été menés à l’aide d’avions de combat et de missiles Tomahawk, ont indiqué plusieurs médias américains, Washington disant avoir bénéficié aussi du soutien de l’Australie, du Canada, des Pays-Bas et Bahreïn. De son côté, Londres a dit avoir déployé quatre avions de combat Typhoon FGR4 pour frapper avec des bombes guidées au laser les sites de Bani et Abbs, d’où les Houthis « lancent » des drones.
Pourquoi ont-ils visé les Houthis ?
L’opération américano-britannique a été menée « avec succès » en réponse « directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge », a affirmé le président américain Joe Biden, évoquant une action « défensive » soutenue pour protéger notamment le commerce international. Dans la foulée de la guerre Israël-Hamas, les Houthis ont multiplié depuis la mi-novembre les attaques par missiles et par drones en mer Rouge, poussant de nombreux armateurs à contourner la zone, ce qui fait grimper les coûts et les temps de transport entre l’Europe et l’Asie.
Les Houthis, proches de l’Iran et qui contrôlent une grande partie du Yémen, ont mené depuis le 19 novembre 27 attaques de missiles et de drones près du détroit stratégique de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l’Afrique, selon l’armée américaine. Ils disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande de Gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas qui gouverne ce territoire.
En réponse, les États-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12 % du commerce mondial.
Ce mardi, 18 drones et trois missiles avaient été abattus par trois destroyers américains, un navire britannique et par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en tournée cette semaine au Moyen-Orient pour tenter de juguler l’escalade régionale en cours de la guerre Israël-Hamas, avait lancé un avertissement aux Houthis, tandis que le Conseil de sécurité de l’ONU avait exigé l’arrêt « immédiat » de leurs attaques. Mais ce jeudi, les Houthis ont lancé un autre missile antinavire en mer Rouge.
« Beaucoup d’inquiétude »
Le président américain Joe Biden a déjà prévenu tôt ce vendredi matin qu’il « n’hésiterait pas » à « ordonner d’autres mesures » si nécessaire. « Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge (…) Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense », a déclaré de son côté le Premier ministre britannique Rishi Sunak. Washington, Londres et leurs alliés ont souligné dans une déclaration commune leur volonté de « désescalade ».
«Ã‚ Il n’y a aucune justification àcette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge (…), et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée », a écrit sur X (ex-Twitter) un porte-parole des Houthis, Mohamed Abdel Salam.
VIDÉO. Navires ciblés par les Houthis en mer Rouge : « il pourrait y avoir un impact sur les prix »
«Ã‚ Notre pays fait face àune attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions », a réagi le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias du mouvement. « Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer àpayer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression » , a-t-il menacé. Le chef des rebelles, Abdel Malek al-Houthi, avait déjàmenacé ce jeudi de riposter àtoute attaque américaine en mer Rouge par des opérations encore « plus importantes » que celle particulièrement lourde de ce mardi.
Face à cela, la France a assuré que « les Houthis portaient la responsabilité » de l’escalade régionale. Dans la nuit, l’Arabie saoudite a dit suivre avec « beaucoup d’inquiétude » les développements au Yémen voisin et appelé « à la retenue et à éviter l’escalade ». L’Iran a pour sa part « condamné fermement » les frappes américaines et britanniques ce vendredi matin. De son côté, la Russie a accusé Londres et Washington d’ « escalade » ayant des « objectifs destructeurs ». La Chine s’est, elle, dite « préoccupée » de la situation.
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