Les retards de la Turquie, qui tarde à ratifier l'adhésion de la Suède à l'Otan, exaspèrent à Bruxelles

Un chasseur-bombardier turc F-16 revient de mission, le 10 octobre 2019, dans une base aérienne de la province de Diyarbakir (image d’illustration).

Plusieurs ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan, réunis ce mardi 28 novembre à Bruxelles, ont exprimé leur frustration face à la Turquie, qui tarde à ratifier l’adhésion de la Suède à l’Alliance atlantique, malgré des mois de tractations.

Au cœur des discussions, il y a l’achat par Ankara d’avions de chasse occidentaux. Confrontée au vieillissement de sa flotte de combat, la Turquie réclame depuis deux ans de pouvoir s’équiper de nouveaux appareils américains ou européens, mais sans succès. En choisissant il y a quatre ans d’adopter le système russe de défense aérienne S-400, Ankara s’est en effet attirée les foudres des États-Unis.

Cela lui a valu d’être exclue du programme d’avion Lockheed Martin F-35 Lightning II. Depuis, Washington refuse même de moderniser les F-16 C/D Fighting Falcon turcs vieillissants. À défaut, Ankara s’est alors tournée vers l’Eurofighter Typhoon. Mais là encore, l’aval de l’Allemagne, qui fabrique l’avion de chasse, est loin d’être acquis.

Impasse totale

L’impasse est totale et attise les tensions entre alliés, pointe Jean-Marc Laurent de la chaire « Défense & Aérospatial » de Sciences-Po Bordeaux : « La Turquie qui est effectivement une puissance militaire sur le bassin méditerranéen a besoin d’avoir une aviation digne de ce nom. À l’Ouest, on considère que la Turquie s’est marginalisée. À l’Est, on considère que la Turquie est trop occidentalisée. Et puis, la Turquie en jouant sur deux tableaux a peur de tout perdre. C’est un petit peu ce qui est en train de se passer d’ailleurs. Si les Américains et les alliés décident que les Turcs restent en dehors de ce cercle d’interopérabilité, quel que soit l’avion même si c’est elle qui le construit, elle sera en difficulté ».

Washington a posé ses conditions, pas de matériels modernes sans ratification de l’adhésion de la Suède à l’Alliance atlantique. Mais la Turquie, pour l’heure, ne l’entend pas de cette oreille.

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