"C'était irréel": Jeanne, une Bretonne de 25 ans, témoigne après l'attaque au couteau à Sydney

Samedi 13 avril, une attaque au couteau est survenue dans un centre commercial de Sydney en Australie faisant au moins six morts et huit blessés.

La police bloque les routes principales menant au centre commercial Westfield Bondi Junction après une agression à l’arme blanche à Sydney le 13 avril 2024.

“On ne devrait pas avoir à vivre ça, à voir ça.” Jeanne, une Bretonne de 25 ans, a assisté à l’attaque au couteau survenue dans un centre commercial à Sydney en Australie, samedi 13 avril, faisant au moins six morts et huit blessés. La jeune femme a livré à Ouest-France le récit de ce drame, ancré dans son esprit.

Lors de ce samedi “classique”, le vaste centre commercial Westfield Bondi Junction était “assez bondé”. Jeanne, originaire de Kervignac à proximité de Lorient (Morbihan) travaille dans une des boutiques de vêtements du centre depuis le mois de novembre. “Je suis arrivée en Australie en octobre 2023 avec un visa d’un an”, précise-t-elle.

Juste avant l’attaque, la jeune femme explique être descendue à la réserve située au sous-sol. En remontant, elle décrit des allées “désertes”, dans lesquelles résonnent l’alarme, entourées de boutiques qui affichent porte close. “Puis, j’ai entendu trois coups de feu”, raconte Jeanne. “J’ai pensé que j’allais peut-être mourir.”

Des minutes qui paraissent une “éternité”

L’instinct de survie enclenché, elle court alors jusqu’à la boutique dans laquelle elle travaille. Sa porte vitrée est verrouillée. “Ma manageuse était tellement paniquée qu’elle avait du mal à ouvrir, elle tremblait.”

À l’intérieur, sont réfugiées neuf personnes dont sa responsable et des clients. Une femme de 35 ans est couchée au sol: elle a été poignardée dans le ventre quelques minutes plus tôt par l’assaillant. “Elle perdait beaucoup de sang et gémissait. On essayait de la garder éveillée, de faire une compresse sur sa plaie”, explique Jeanne.

Les minutes d’angoisse avant l’arrivée des secours lui ont paru “une éternité”. “On ne savait toujours pas, à ce moment-là, s’il y avait juste l’homme au couteau ou une deuxième personne avec une arme à feu. Auquel cas, la vitrine ne nous protégeait plus et on pouvait se faire abattre un par un”, pensait alors la Bretonne qui confie avoir “pensé aux attaques de masse à Paris et aux États-Unis.”

“La foule, le moindre bruit, cri, me mettent en alerte!”

Une fois le suspect neutralisé par une femme officier de policer présente sur place au moment des faits et les secours arrivés, les personnes présentes dans le centre commercial ont été évacuées. “Les hélicoptères tournaient, il y avait des policiers partout, énormément de monde. C’était irréel…”, se remémore la jeune femme. “Ils ont pris en charge la dame blessée, et depuis, je n’ai pas eu de nouvelles, je pense beaucoup à elle…”

Place désormais à la reconstruction. “C’est traumatisant, mais je n’ai pas envie de donner raison à ceux qui tuent en cédant à la peur…”, affirme-t-elle, confiant se sentir “triste, vidée”.

“C’est très dur de se rendre compte. On ne devrait pas avoir à vivre ça, à voir ça… Je me refais la scène. J’ai du mal à sortir : la foule, le moindre bruit, cri, me mettent en alerte!”, confie Jeanne.

Avant d’ajouter: “Mais je ne me sens pas forcément légitime à me plaindre alors que des gens sont morts et que des familles sont touchées…”.

Jeanne hésite: va-t-elle retourner travailler au centre commercial, encore fermé à ce jour, ou va-t-elle décider “de rentrer plus tôt” que prévu en Bretagne? Elle pèse le pour et le contre. En y retournant, “je n’ai pas envie de subir et de revivre les souvenirs et en même temps, je me dis que ça pourrait m’aider. Je dois rester courageuse pour ne pas m’écrouler”, puis “je ne veux pas que mon expérience se résume à ce drame”.