France: l'incendie de Stains remet à la Une le problème des logements insalubres

Un incendie dans un immeuble insalubre à Stains, en Seine-saint-Denis, a tué trois personnes et en a blessé huit autres dont un enfant grièvement touché, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2023.

En Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, en matière d’habitat, il y a de nombreuses urgences. Dans ce département densément peuplé, globalement pauvre mais qui va accueillir plusieurs épreuves des prochains Jeux Olympiques, les communes doivent gérer un parc de logements insalubres, à l’origine de nombreux accidents comme celui de Stains, cette fin de semaine qui a coûté la vie à trois personnes.

Trois femmes sont décédées et huit personnes ont été blessées dans l’incendie de leur immeuble survenu dans la nuit de vendredi à samedi à Stains. D’après le maire de la commune Azzedine Taïbi qui avait pris un arrêté de mise en sécurité (anciennement dit mise en péril) le 27 septembre, l’immeuble devait être placé sous scellés et les habitants évacués mercredi prochain.

« L’immeuble n’allait pas s’écrouler mais il fallait faire divers travaux », a précisé le maire, évoquant des propriétaires défaillants dans cette copropriété de trois étages dégradée où vivaient une quinzaine de personnes. Une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny et confiée à la police judiciaire du département devra déterminer les causes du feu, inconnues à ce stade.

Les trois victimes sont une locataire de 65 ans, au troisième étage, sa soeur et une amie qu’elle accueillait chez elle après une fête familiale. Parmi les huit blessés mentionnés par la préfecture dans un communiqué, trois sont dans un état grave dont un garçon de six ans grièvement touché.

Ce département connaît régulièrement des incendies meurtriers. Sylvie Koffi, du service société, s’est rendue à Saint-Denis dans un immeuble ancien où les services de la mairie interviennent. L’immeuble est ancien, des années 30. Les parties communes sont délabrées, à tout moment le plancher peut s’écrouler. Les locataires ont dû quitter les lieux. Sur place, les forces de police sécurisent l’opération.

« L’immeuble est vraiment vétuste, on est vraiment sur une action de sécurité publique, nous explique Jérémy Perrette, responsable du service Hygiène de la mairie de Saint-Denis. L’immeuble a été déclaré dangereux par un expert qui a été désigné par le tribunal et sur la base de ce rapport-là, la mairie a pris un arrêté municipal demandant l’évacuation de l’immeuble ». On entend des bruits de perceuses. « Donc là, on entend l’huissier et le serrurier qui interviennent pour s’assurer que l’ensemble des logements sont vides afin que l’évacuation soit totale. Dans certains logements, en effet, il n’y a personne ». C’était également le cas dans l’incendie de Stains dont tous les logements n’étaient pas occupés.

Ces derniers mois, deux incendies graves ont touché des immeubles de la commune. L’enquête sur l’incendie d’un immeuble d’habitation de l’Ile-Saint-Denis, qui a fait trois morts le 19 août, privilégie la piste criminelle avec l’ouverture d’une instruction confiée à deux juges. Au moment des faits, la préfecture avait fait état de 19 blessés hospitalisés. Quatre pompiers avaient été légèrement blessés.

À écouter aussiÀ Saint-Denis, un plan d’action pour lutter contre les habitats insalubres

En septembre, un homme de 49 ans avait été mis en examen et écroué, suspecté d’avoir déclenché le feu de parking dans son immeuble qui a coûté la vie à un jeune pompier en juillet à Saint-Denis. Le feu s’était déclaré au premier sous-sol du parking souterrain d’un immeuble d’habitation, brûlant 23 voitures, se propageant rapidement aux étages et nécessitant l’évacuation de ses résidents.

Depuis le début de l’année, à Saint-Denis, 170 arrêtés municipaux ont été pris pour des logements insalubres.

À lire aussiJO 2024 de Paris: le futur village olympique, héritage social pour la Seine-Saint-Denis

(et avec AFP)