Agressions sur les tournages, scènes de nu à outrance… Juliette Binoche détaille ses débuts difficiles au cinéma
Agressions sur les tournages, scènes de nu à outrance… Juliette Binoche détaille ses débuts difficiles au cinéma
Dans un récit fleuve publié par Libération, Juliette Binoche a retracé son début de carrière. Sans aucune barrière, elle a raconté les demandes humiliantes, gênantes, voire maltraitantes, faites par les réalisateurs alors qu’elle était très jeune et qu’elle ne désirait qu’une chose : faire du cinéma.
Depuis le mouvement MeToo, ce n’est plus un secret pour personne : au cinéma comme ailleurs, de nombreuses femmes sont victimes de sexisme et de violences de la part des hommes. Juliette Binoche a commencé sa carrière en 1988 avec Les amants du Pont-Neuf, de Leos Carax. Elle a, depuis, joué dans plus de 60 longs métrages et a remporté de nombreuses distinctions, dont le prix d’interprétation féminine en 2010 lors du 63e Festival de Cannes pour Copie conforme d’Abbas Kiarostami. Cette carrière à succès a été jalonnée de plusieurs violences.
Juliette Binoche : “Dominique Besnehard qui m’a proposé de passer à son bureau pour apporter une photo de moi nue”
Juliette Binoche n’a jamais tu les violences présentes dans le monde du cinéma. Elle a de nouveau accepté de revenir sur les demandes choquantes de certaines personnes puissante du monde du cinéma auprès de Libération. “Encore au lycée, j’ai eu la possibilité de prendre un café avec Dominique Besnehard qui m’a proposé de passer à son bureau pour apporter une photo de moi nue”, a-t-elle raconté, précisant que cette demande faite dans l’éventualité d’être prise dans Mortelle Randonnée de Claude Miller l’avait “embarrassée”. Mais avoir ainsi les coordonnées d’un agent était alors pour elle “un cadeau inespéré”.
Juliette Binoche sur Pascal Kané : “Il se jette sur moi pour m’embrasser”
Cette demande du photo n’a malheureusement pas été la pire requête qu’on ait faite à l’actrice. En 1983, par exemple, Pascal Kané, le réalisateur du film Liberty Belle, dans lequel elle a joué quand elle avait 19 ans, l’a invitée à dîner dans un hôtel. “Alors qu’il me désigne la vue sur le front de Seine, il se jette sur moi pour m’embrasser”, s’est souvenue l’actrice, qui a dû le repousser et dire qu’elle avait “un amoureux” pour se défendre. Quelque temps plus tard, elle a passé un casting pour Jean-Luc Godard. Une fois encore, elle doit se dévêtir. “J’arrive, Jean-Luc me donne les instructions. Me déshabiller, tourner autour d’une table toute nue en lisant un poème tout en me peignant les cheveux pendant qu’il filme”, énumère Juliette Binoche, confessant avec honnêteté sa position de l’époque : “S’il avait exigé que je décroche la Lune, j’aurais sans doute trouvé le moyen d’y parvenir.”
Juliette Binoche témoin d’un viol sur un tournage : “J’avais la haine”
Juliette Binoche confie avoir été témoin d’un viol, même si elle n’a pas immédiatement réalisé ce qu’il se passait réellement. “J’ai compris avec le recul, c’était à peine perceptible, qu’une figurante se faisait violer par un acteur dans Les enfants du siècle au cours d’une scène d’opium dans un bordel. J’ai aperçu la jeune femme partir, sonnée, une fois le tournage terminé comme si elle avait reçu un coup de poing. J’avais la haine”, dit-elle, sans donner le nom de cet acteur mais en précisant qu’il est “mort aujourd’hui”. Dans la suite de l’entretien, la comédienne continue de revisiter la phase très difficile de ses début, où les scènes de sexe et de nudité étaient courantes et souvent injustifiées. Rétrospectivement, l’actrice sait pourquoi elle a accepté de se “faire cracher dessus, mimer une pipe et prétendre faire l’amour dans des escaliers” pour Rendez-vous, en 1984: “C’était tellement extraordinaire d’avoir été choisie qu’il fallait que je donne tout ce que je pouvais”, a-t-elle analysé.
Article écrit en collaboration avec 6Medias
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