À Marseille, Macron laisse de côté les vents capricieux
Pour un peu, il tomberait la veste et se jetterait dans l’eau de la marine olympique. Emmanuel Macron se souvient avoir « essayé la planche à voile avec un foil », tout en soulevant un kitesurf équipé de la lame sous-marine avec lequel s’entraînent Axel Mazella et Lauriane Nolot, deux des dix athlètes français sélectionnés pour les Jeux. « Eux deux, ils ont tout gagné », prévient Jean-Luc Denechau, le président de la Fédération française de voile. Le président de la République repose l’engin, évite d’aller trop loin dans les échanges techniques et revient à l’essentiel. « Alors, quel est votre objectif ? Faites-nous rêver. »
Au bord de l’eau calme irisée par le soleil, le moment est à la détente. C’est ici que s’entraînent les champions tricolores depuis quatorze mois. « Avant, on était dans des Algeco. Là, ça change tout, on repère le terrain, on travaille bien », indique Axel. « On commence à apprivoiser le site et les vents. Ce n’est pas facile, il y a beaucoup de relief tout autour », explique Lauriane, tandis que le président passe d’un bateau à l’autre en souriant, avec à chaque fois la même question : « C’est quoi la clé pour votre épreuve ? » « Aller vite », lui répondent-ils. « Bien résumé. On dit qu’on sera dans le top 5, c’est l’objectif. Rendez-nous fiers, j’espère tous vous revoir dans deux mois. »
Inauguration d’un labo de CMA CGM
Aller vite, maîtriser les vents capricieux et l’imprévisible. Les métaphores politiques se multiplient autour du plan d’eau. Mais entre la gestion diplomatique des crises en Ukraine et au Proche-Orient, la visite du président chinois Xi Jinping et la perspective morose des élections européennes du 9 juin, le chef d’État positive. « Il a besoin de garder le lien, de raconter autre chose que la gestion de crise, de montrer que ce pays va de l’avant », glisse un ancien ministre venu en voisin.
À LIRE AUSSI Marseille, Jul, Soprano et la folie s’emparent de la flamme olympiqueJuste avant d’aller saluer les jeunes voileux du pôle France, Emmanuel Macron s’était rendu au pied des calanques, tout au bout de la ville. Là-bas, au c?ur de l’École nationale de la Marine marchande, l’armateur marseillais CMA CGM a installé Tangram, un laboratoire de formation et d’innovations technologiques pour ses dizaines de milliers de collaborateurs à travers le monde. Posté devant un simulateur qui lui fait piloter le porte-conteneurs Patagonia par gros temps à l’entrée du port du Havre, le président s’éternise comme un môme sur un affolant jeu vidéo.
Tango, le robot-chien
Juste avant, pendant que son épouse, Brigitte, s’intéressait à l’architecture de grès du centre désignée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, on lui avait présenté Tango. Un robot jaune à quatre pattes, bardé d’intelligence artificielle, capable de surveiller les entrepôts du logisticien, de détecter toute présence humaine ou de matière dangereuse. Le matin, un berger malinois chargé du déminage avait sympathisé avec ce drôle de toutou électronique.
«Ã‚ J’ai déjàtrois chiens ! » prévient Emmanuel Macron, alors que Brigitte semble fascinée. Rodolphe Saadé, le président-directeur général de la CMA CGM, s’écarte avec le président pour discuter logistique et transports de voitures, notamment chinoises, vers l’Europe. L’actualité n’est qu’àquelques encablures, elle se pare de décarbonation. Mais l’aparté ne durera pas, même si le chef de l’État avait prévu de passer la soirée « en privé » àMarseille et de revoir l’armateur français. Il lui fallait d’abord faire un crochet par le Vieux-Port, s’offrir un très discret bain de foule aux côtés de Tony Estanguet, le Monsieur Jeux olympiques français. Et s’amuser àquelques clappings avant d’accueillir la flamme olympique descendue du Belem.