« Nous ne savons pas de quoi notre avenir sera fait… » A Vernon, deux infirmières travaillent sous assistance respiratoire financière

Les infirmières du réseau Asalée sont très prisées des patients qui peuvent prendre le temps de discuter. Illustration LP/Arnaud Dumontier

Elles ou ils sont 26 infirmières – infirmiers, sur le territoire du département de l’Eure à avoir rejoint le dispositif singulier de l’association Asalée (Action de santé libérale en équipe), dont l’objectif consiste à associer une infirmière avec des médecins généralistes pour contribuer à l’amélioration de la prise en charge globale des patients présentant des pathologies chroniques ou des facteurs de risques. Diabète, risques cardiovasculaires, repérage des troubles cognitifs, sevrage tabagique, trouble du sommeil… Ces infirmières salariées mais ne travaillant pas en hôpital peuvent prendre du temps avec leurs patients, du temps que les médecins ne disposent pas toujours.

Oui mais… Tout comme leurs 2 080 collègues d’Asalée répartis sur le territoire français, ils et elles sont actuellement en souffrance. Leur employeur est dans une situation critique. La convention liant la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et l’association Asalée n’a pas été officiellement reconduite fin 2022. Depuis ce temps, la CNAM abonde financièrement, plus ou moins, selon les territoires, sous forme de subventions de fonctionnement (80 millions d’euros par an), en dehors de tout cadre juridique.

Retards de salaires

Cette forme de mise sous assistance respiratoire ne satisfait pas les salariés soignants de l’association. Une insatisfaction qui trouve sa source dans le fait que nombre de ces infirmiers ou infirmières ont constaté des retards dans le règlement de leurs salaires, depuis le début de l’année 2024. « Nos salaires nous ont été payés avec plusieurs de retard, ces deux derniers mois, confirment Élodie Courte et Cindy Montfort, deux infirmières qui interviennent au sein de l’antenne de Vernon dans l’Eure. Nous ne savons pas de quoi notre avenir sera fait au sein du réseau Asalée ».

Infirmiers ou infirmières travaillent soit à temps plein, soit à temps partiel, avec l’association. « Pour les infirmières un temps plein pour le compte de l’association représente un travail avec cinq médecins », expliquent Élodie Courte et Cindy Montfort.

Un choix mûrement réfléchi a conduit les deux infirmières de Vernon à rejoindre le réseau Asalée. L’une comme l’autre sont intimement convaincues des bienfaits d’une approche et d’une prise en charge médicale qui donne du temps au temps. L’une comme l’autre ont connu les rythmes effrénés des services d’urgence, tant dans le secteur public que dans le privé. Sans oublier l’exercice en libéral. « Asalée nous permet d’intervenir en effectuant beaucoup d’éducation thérapeutique, expliquent les deux consœurs de Vernon. Nous travaillons au rythme du patient. Nous prenons le temps d’écouter ce dont il a besoin et nous l’aidons ainsi à mieux appréhender sa maladie. Et puis au niveau de la reconnaissance des médecins avec lesquels nous travaillons, cela n’a rien à voir. Nous traitons d’égal à égal. »

Pour autant et malgré les nombreux mérites que vantent les deux infirmières de Vernon, ce système est donc mis à mal. Jusqu’à envisager de délivrer son acte de décès sous la forme d’une liquidation au 15 avril 2024. Pour l’heure rien n’est définitivement acté. Un contact a été rétabli entre l’association Asalée et la CNAM.

Le prochain bulletin de santé de l’association Asalée est annoncé en date de ce vendredi 12 avril 2024.