Dialoguer, conseiller... 5 conseils pour protéger votre enfant des écrans

Quelques bonnes pratiques permettent de mieux encadrer l’usage des écrans par le jeune public.

“Je ne veux pas d’un pays où Tiktok remplace les romans, où les influenceurs remplacent les grands auteurs, et où les écrans prennent peu à peu toute la place dans la vie de nos jeunes.” Depuis l’hémicycle de l’Assemblée nationale le mercredi 10 avril, Gabriel Attal a alerté sur le faible niveau de lecture des élèves Français, qu’il impute directement aux écrans ou aux réseaux sociaux.

Depuis quelques années, les discours alarmistes sur ce sujet se font de plus en nombreux. Les enfants et les adolescents français consommeraient trop d’écrans. En effet, selon une étude Ipsos réalisée en janvier 2023 sur commande du gouvernement, les enfants passent en moyenne 1h19 par jour devant un écran en semaine, et 2h07 le week-end. Avec le risque en cas d’usage excessif de développer des troubles cognitifs, des perturbations du sommeil, une baisse de la capacité d’apprentissage, voire des troubles liés à la santé mentale.

Selon une étude Ipsos réalisée en janvier 2023, les enfants passent en moyenne 1h19 par jour devant un écran en semaine, et 2h07 le weekend.

Un constat qui inquiète le gouvernement. Si bien qu’Emmanuel Macron a affirmé, lors de sa conférence de presse du 16 janvier, vouloir réguler l’usage des écrans par les jeunes enfants. Mais alors, comment faire pour protéger les enfants aux écrans?

• Limiter le temps d’écran en fonction de l’âge

L’âge précis en dessous duquel il est préconisé de ne pas utiliser les écrans fait débat. Pas avant trois ans pour l’Académie française de médecine, ou 18 mois selon l’Académie américaine de psychiatrie pour les enfants et adolescents.

Pour le psychiatre Serge Tisseron, les enfants peuvent s’exposer graduellement aux écrans en fonction de leur tranche d’âge. Pas d’écran avant 3 ans, puis vingt minutes par jour pour les 3 à 6 ans, trente minutes pour les 6 à 8 ans, quarante-cinq minutes pour les 8 à 10 ans, et une heure pour les plus de 10 ans. Il recommande également d’interdire les réseaux sociaux avant 12 ans et de réserver les consoles de jeu aux plus de 6 ans.

• L’importance du dialogue

Avant de poser un cadre et des limites, Vanessa Lalo, psychologue spécialisée dans les jeux vidéo et les pratiques numériques, conseille de discuter avec son enfant et de s’intéresser à ses usages sur internet. “Les parents ont tendance à imposer des règles en fonction de pratiques décrites dans les médias. Mais ces dernières ne correspondent pas forcément à celles de leurs enfants”, explique Vanessa Lalo. “Si on se rend compte qu’il regarde des contenus en accord avec les valeurs familiales, alors passer du temps sur les écrans n’est pas forcément un problème”, tranche-t-elle.

“Dialoguer permet également de mettre, avec eux, des mots sur ce qu’ils ont vu sur Internet, dans le but de déminer des situations qui pourraient être préjudiciables, comme le cyberharcèlement”, soutient la spécialiste. De nombreuses ressources sont disponibles sur le site Internet de l’OPEN pour donner des clefs aux parents sur ce sujet.

• Conseiller des contenus longs et qualitatifs

Comme le rappelle la spécialiste, “on ne peut pas empêcher un adolescent d’aller sur Tiktok. Alors, quitte à passer du temps sur l’application, autant que cela soit utile”. Car tous les contenus ne se valent pas. “Entre passer deux heures devant des vidéos de pandas sur une luge et devant des contenus qualitatifs, il y a un monde”, sourit la psychologue. En effet, le terme “écrans” regroupe énormément de contenus et d’usages différents, qui peuvent avoir des conséquences négatives, mais aussi positives. Jeux éducatifs, vidéos haineuses, conversations avec des amis, films sur Netflix… “Le plus important avec les écrans, c’est ce qu’on en fait”, rappelle Vanessa Lalo.

“Il faut distinguer les contenus de qualité de ceux qui isolent les enfants”, insiste-t-elle. Si les contenus préférés de l’enfant sont peu, ou pas, qualitatifs, les parents peuvent leur conseiller certaines publications. Vanessa Lalo recommande donc aux parents de se constituer “une bibliothèque de ressources numériques, d’influenceurs à suivre, de jeux vidéo, de sites internet, pour orienter la consommation numérique des plus jeunes.”

• S’aider des fonctions de contrôle parental

Téléphones, consoles de jeux, réseaux sociaux ou services de streaming en ligne… Tous les appareils proposent désormais des fonctionnalités qui permettent de fixer des limites de temps d’utilisation pour les mineurs. Dernier exemple en date avec Tiktok. La plateforme chinoise propose depuis l’an dernier une limitation générale à 60 minutes d’utilisation par jour à tous les utilisateurs identifiés comme mineurs. Cette limite peut être durcie au moyen d’un système de contrôle parental, si les parents ont relié leur propre compte TikTok à celui de leur enfant.

En revanche, “il ne faut pas le faire de manière arbitraire”, prévient Vanessa Lalo. “Ces outils sont une aide. Ils doivent être configurés avec l’enfant, en discutant avec lui. Sinon ça n’a aucun intérêt”, tranche la psychologue qui rappelle que les enfants savent parfaitement comment contourner, en quelques clics, le contrôle parental. La psychologue déconseille en revanche d’utiliser ces outils au-delà de 10 ans. “L’enfant doit apprendre à être autonome et à s’arrêter tout seul.”

• Montrer l’exemple

Les parents doivent aussi faire attention à leur propre usage des technologies. Entre les SMS pendant le repas ou un appel au milieu d’une partie de Monopoly, ces gestes, parfois inconscients, ont un impact négatif sur le développement personnel des enfants. “Plus les parents passent du temps sur leurs téléphones, plus les jeunes enfants vont faire de même”, constate Vanessa Lalo. Afin de réduire le temps d’écran de vos enfants, il est donc important d’appliquer les conseils que vous leur donnez.

La spécialiste insiste également sur l’importance des expériences collectives, comme regarder un film en famille ou une vidéo Youtube pour apprendre une langue.