Affaire Stormy Daniels : Qui est le juge Juan Merchan, qui doit fixer la peine de Donald Trump ?

Le juge Juan Merchan va présider les débats au tribunal pénal de New York, devant lequel comparaît Donald Trump depuis ce lundi. L’ex-président des Etats-Unis fait la moue puisqu’il assure que le juge est « anti-Trump »

Le juge Juan M. Merchan pose dans son cabinet à New York, le jeudi 14 mars 2024.

portrait – Le juge Juan Merchan va présider les débats au tribunal pénal de New York, devant lequel comparaît Donald Trump depuis ce lundi. L’ex-président des Etats-Unis fait la moue puisqu’il assure que le juge est « anti-Trump »

Il est réputé courtois mais ferme. Depuis lundi, le juge Juan Merchan, né en Colombie, a la charge de présider les débats dans l’historique procès de l’affaire Stormy Daniels… et de contenir le tempérament parfois volcanique de Donald Trump, sans paraître à charge. Et c’est aussi un juge qui n’a pas de temps à perdre. Avec « 500 jurés qui attendent », Juan Merchan semble ne pas vouloir que le procès s’éternise, et s’est ainsi déjà opposé à l’équipe de Donald Trump, qui joue, elle, la montre.

En refusant de se récuser, comme le demandait la défense. En balayant les accusations du camp Trump, qui lui reprochent les liens de l’employeur de sa fille avec le Parti démocrate et un don de 35 dollars à la campagne de Joe Biden en 2020. Ou en soulignant le retard de la défense après une brève suspension d’audience lundi après-midi. « Merci de veiller à respecter le temps alloué aux pauses afin que l’on puisse avancer », a-t-il lancé à l’avocat.

« Il me déteste »

Celui qui a commencé sa carrière en 1994 a également rappelé à l’audience que, comme n’importe quel prévenu, Donald Trump devra être présent à l’audience chaque jour, sous peine d’être recherché par les autorités. Et qu’il pourrait être envoyé en prison s’il perturbait l’audience…

Il a ainsi d’ores et déjà interdit le milliardaire républicain, virulent sur les réseaux sociaux, de s’en prendre aux témoins et au personnel du tribunal. « IL ME DETESTE », a dans la foulée écrit Donald Trump.

«Ã‚ C’est un procès qui n’aurait jamais dû exister », a affirmé l’ancien président républicain, qualifiant une fois encore de « juge anti-Trump » un Juan Merchan qui lui a imposé lundi d’être présent aux audiences, quatre jours par semaine.

De marbre, ce dernier a lancé un « Bonjour Monsieur Trump » en entrant dans la salle, sans dire « Monsieur le président Trump », comme le veut l’usage aux Etats-Unis – manière de rappeler que l’ancien dirigeant n’est ici qu’un simple citoyen.

La veille, Donald Trump avait, en effet, reproché au juge Juan Merchan de ne pas l’avoir exempté d’emblée pour assister à la remise de diplôme de son fils ou pour suivre une audience qui le concerne à la Cour suprême des Etats-Unis la semaine prochaine.

Une sèche mise en garde

Au bout du compte, le jury déterminera si Donald Trump est coupable, et le juge fixera la peine en conséquence. La défense a traqué tout signe de partialité possible à l’encontre du prévenu, jusque dans ses publications sur les réseaux sociaux. Ce à quoi Merchan a répondu : « La question n’est pas de savoir si quelqu’un est d’accord politiquement avec votre client. La question, c’est de savoir s’ils peuvent le juger de manière juste et impartiale. »

Le magistrat, décrit comme « intelligent et d’humeur égale » par l’avocat Ron Kuby, a également lancé une sèche mise en garde au prévenu, qui a semblé murmurer quelques mots à l’une des jurées potentielles. « Je ne laisserai pas intimider des jurés dans mon tribunal », a-t-il lâché aux avocats de Donald Trump, les sommant de brider leur client.

Merchan a rejeté les recours des avocats de Trump

Dans une lettre le 8 avril, le juge qui ne laisse soi-disant pas « un cirque médiatique » envahir son tribunal a également souligné que « contrairement aux arguments de la défense, le but de la sélection du jury n’est pas de déterminer si un juré potentiel aime ou n’aime pas l’une des parties ». Il s’agit plutôt, a-t-il expliqué, de savoir si ce juré « peut garantir qu’il mettra de côté tout sentiment personnel ou préjugé pour rendre une décision fondée sur les preuves et sur le droit ».

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La constitution du jury s’annonçant plus compliquée que d’habitude, le juge Merchan a décidé, lundi, que les noms seraient gardés secrets en raison de la « probabilité de corruption, de manipulation du jury, de blessures physiques ou de harcèlement ». Toujours aussi ferme, celui qui a aidé à lancer le tribunal de la Santé mentale de Manhattan a également rejeté la semaine dernière une série de recours des avocats de l’ex-président républicain, notamment une demande de dépaysement du procès au motif qu’il ne pourrait pas bénéficier d’un jury équitable dans une ville qui vote massivement démocrate.

Lundi, l’un des potentiels jurés a été récusé en raison du mariage de son fils en juin. Et le juge Merchan l’a félicité en glissant avec le sarcasme qu’on lui connaît désormais : « Je pense nous devrions avoir terminé d’ici là, mais je ne peux pas le promettre. »

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