Au Jardin du Luxembourg, un petit espace haussmannien à la rénovation abordable

Un petit espace tout en jeux d’optiques dans le VI^e arrondissement parisien

À quelques pas du Jardin du Luxembourg, poumon vert du VI^e arrondissement parisien, Hélène Lacombe a de nouveau relevé le défi d’une rénovation élégante à moindres coûts. Pour un couple de montpelliérains, l’architecte a transformé un appartement ancien, à la distribution initiale médiocre, en un nouveau lieu de vie spacieux. Dans un immeuble haussmannien, ce petit espace dévoile 50 mètres carrés orientés sur cour. Peu lumineux et cloisonné à l’origine (cf plans en fin d’article), ce pied-à-terre a été modernisé avec comme intention principale de créer une circulation logique et agréable, autour d’un seul axe : les grandes fenêtres alignées sur le même pan de mur.

Derrière la grande bibliothèque en acajou sur mesure se cache la chambre. Le mobilier et la décoration ont été sourcés chez Kave Home et Zara Home, à l’exception du siège rose Tulip de Pierre Paulin.

Le coin salle à manger est séparé de l’entrée par une banquette-coffre. La table en verre a été ajoutée dans une intention de sobriété des matière, réduites à trois seulement : bois, béton ciré et verre.

Des jeux d’optique pour agrandir l’espace

« Au départ, la chambre était plus grande que le salon », se souvient Hélène Lacombe, qui a remédié à ce problème majeur en créant une suite sur le modèle hôtelier avec salle de bains et dressing au fond de l’appartement, dégageant ainsi l’espace nécessaire pour un grand séjour de 23 mètres carrés (contre 15m² auparavant). Dans la même optique, l’entrée a été réduite et optimisée, révélant une percée directe vers le séjour et la chambre dans son prolongement, le long des fenêtres. « Quand tout est ouvert, on voit les espaces se succéder dès qu’on passe la porte d’entrée », décrit Hélène Lacombe. Et pour renforcer cette impression d’espace, l’architecte a créé d’astucieuses ouvertures. Comme une illusion, le porte de la chambre s’intègre pleinement dans la bibliothèque murale en acajou du salon, dissimulant la pièce. Aussi, une verrière texturée a été ajoutée à la salle de bains pour récupérer la lumière naturelle du salon — « On conserve quand même l’intimité de la douche car la texture du verre ne permet que de deviner des formes. Cela évite aussi l’effet bloc du salon », précise Hélène Lacombe.

Trois matières principales se répondent dans l’appartement : l’acajou, le béton ciré et le verre. Applique Nemo de Charlotte Perriand. Fauteuils chinés Marsala de Michel Ducaroy pour Ligne Roset.

Des matières minimalistes

Le salon se distingue par le dénuement de ses matières, réduites essentiellement au béton ciré et à l’acajou, que l’architecte affectionne particulièrement, « plus élégant et intemporel que le noyer ». Un choix esthétique, mais aussi imposé par les aspirations du couple propriétaire : « Issus du sud de la France, ils ne voulaient pas d’un intérieur typiquement parisien, donc on a réduit les matières et les teintes au minimum », explique Hélène Lacombe, qui a dû (à regret) retirer une cheminée et un superbe poêle prussien existants. « Ils ont tout de même voulu ajouter un parquet en pointe de Hongrie… l’élément parisien par excellence », s’amuse-t-elle.

La cuisine est encastrée derrière l’entrée. Bougeoir Starck pour Kartell. Suspension Nelson, HAY.

Le béton ciré et l’acajou se répondent également dans la petite cuisine en couloir, volontairement plus brute.

De nombreux rangements ont été ajoutés, rehaussés de courbures pour éviter leur aspect massif et faciliter la circulation, notamment de l’entrée à la pièce à vivre, et du séjour à la cuisine, où l’architecte a hacké une étagère IKEA pour l’adoucir. La cuisine, en couloir et dotée d’une petite fenêtre, est encastrée derrière l’entrée, permettant de cacher le désordre, mais ne laissant de fait que peu de lumière naturelle. « J’y ai mis du béton ciré : puisqu’elle est sombre, autant y aller à fond ! », plaisante Hélène Lacombe, qui y a effectivement dessiné une ambiance plus brute que dans le reste de l’appartement.

Pour séparer l’entrée du coin salle à manger et ajouter des assises aux deux espaces, l’architecte a installé une banquette-coffre, d’où l’on devine la porte des WC, volontairement invisible. Dans le même dessein de sobriété des matières, une grande table en verre a été ajoutée. Hélène Lacombe a également voulu apporter un autre jeu d’optique en faisant se refléter la bibliothèque en acajou dans le miroir surplombant la table : « Quand on est en face, le bois semble s’intégrer parfaitement dans la glace. »

Dans la chambre, le bureau mène à la salle de bains via le prolongement du plateau en acajou. Siège Tulip de Pierre Paulin.

La salle de bains, aveugle, bénéficie de deux ouvertures grâce aux verrières de la chambre et du salon. Luminaire Zangra.

Une rénovation élégante à budget restreint

Derrière cette imposante bibliothèque se cache l’espace chambre, enrichi d’une grande verrière en tête de lit pour ramener toute la lumière naturelle de la pièce dans la salle de bains, aveugle sur le plan, mais baignée de lumière grâce à ses deux verrières, côté chambre et côté salon. Un petit bureau s’allonge tout en courbures de sorte à dessiner un chemin doux vers la salle d’eau, recouverte de béton ciré gris-vert du sol au plafond . « J’adore cette pièce », confie Hélène Lacombe, heureuse du résultat, notamment du dressing filant face aux vasques en Inox. Grâce à tous ces jeux visuels et de textures, l’architecte est parvenue à créer un lieu de vie lumineux, aéré, tout en respectant un budget limité. Car si l’on distingue quelques pièces de designers, comme les fauteuils Marsala de Marcel Ducaroy chinés aux Puces de Saint-Ouen ou la chaise Tulipe de Pierre Paulin dans la chambre, la majorité du mobilier et de la décoration a été sourcée auprès de marques accessibles comme Kave Home ou Zara Home. Le tout, en conservant un rendu élégant. Un tour de magie !

La salle de bains se cache derrière le lit.

Une autre vue du salon depuis la cuisine.

Le plan de l’appartement avant rénovation, cloisonné et mal distribué.

Le plan après rénovation, optimisé par Hélène Lacombe.

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