Isabelle Defourny, présidente de Médecins sans frontière, pointe le peu d’aides humanitaires qui rentrent face à une population qui est affamée et vit dans des conditions terribles.
“La responsabilité en revient à ceux qui ont organisé cette pénurie de nourriture depuis des mois”, a pointé vendredi sur franceinfo Isabelle Defourny, présidente de Médecins sans frontières (MSF) alors qu’une distribution d’aide humanitaire a viré au drame jeudi près de Gaza ville. Des centaines de personnes se sont ruées sur des véhicules qui devaient livrer de l’aide humanitaire aux civils de Gaza.
Gaza : ces deux versions qui s’affrontent après la mort d’une centaine de Palestiniens lors d’une distribution d’aide humanitaire
https://www.francetvinfo.fr/monde/palestine/gaza/gaza-ces-deux-versions-qui-s-affrontent-apres-la-mort-d-une-centaine-de-palestiniens-lors-d-une-distribution-d-aide-humanitaire_6397363.htmlSelon les habitants sur place, la situation a dégénéré et l’armée israélienne a tiré sur la foule, faisant 110 morts, selon le Hamas. “On est face au chaos, à un désordre civil, il n’y a plus de police. Israël rend la vie impossible à Gaza. C’est ça que montre ce drame”, a expliqué Isabelle Defourny. Près de 2,2 millions de Gazaouis sont menacés par la famine. Médecins sans frontières appelle depuis des mois à un cessez-le-feu. “Mettre en place des secours sous des bombardements, c’est impossible. Il faut rassurer la population. Il faut informer qu’il y aura assez” d’aide humanitaire “pour tout le monde”, a-t-elle expliqué.
franceinfo. Est-ce que l’aide humanitaire arrive jusqu’aux civils à Gaza ?
Isabelle Defourny : Elle arrive en quantité totalement insuffisante. Les Israéliens disent qu’il n’y a aucune limite à l’envoi d’aide humanitaire, mais en pratique, il y a beaucoup de contrôles avant de rentrer dans la bande de Gaza qui freine énormément la quantité d’aide et particulièrement de nourriture qui peut rentrer. On a vu aussi, par exemple, des manifestations de civils israéliens qui bloquaient l’entrée dans la bande de Gaza. Puis, une fois que ça arrive dans la bande de Gaza, il y a de nombreux check-points. Tout ça fait que très peu d’aides rentrent alors que l’on est face à une population qui est affamée, qui a été déplacée maintes fois, qui vit dans des conditions terribles.
Le risque de famine est réel ?
Oui. Nos équipes sur place en témoignent. Notre propre staff dit clairement qu’il ne mange pas à sa faim. Nous sommes dans le sud de la bande de Gaza, mais probablement dans le nord la situation est beaucoup plus sévère si l’on en croit les études des différentes enquêtes qui ont été faites. Les taux de malnutrition qui ont été trouvés dans les différentes enquêtes sont des taux de malnutrition qui sont équivalents à ce que l’on trouve par exemple dans des pays sahéliens. Ça n’a jamais existé à Gaza, donc on voit déjà la conséquence réelle de ce siège, de cette pénurie de nourriture.
Les camions remplis de nourritures sont pris d’assaut. Comment éviter que cela se reproduise ?
On est dans une situation où aujourd’hui, finalement, le fait qu’il y ait trop peu d’aide, trop peu de nourriture qui rentre pour une population qui l’attend avec impatience, fait que les premières personnes se jettent sur les camions.
“Depuis des mois, Israël a détruit toutes les infrastructures de soutien à la vie civile : les hôpitaux, les écoles, les sources d’eau. Les moyens de subsistance sont détruits : les champs, la pêche. Les personnes qui aident la population ont été tuées : des travailleurs humanitaires, des policiers, des journalistes”.
Isabelle Defourny, présidente de Médecins sans frontières (MSF)
à franceinfo
Le personnel médical est arrêté en masse. On est face au chaos, à un désordre civil, il n’y a plus de police. Israël rend la vie impossible à Gaza. C’est ça que montre ce drame qui est arrivé. Quelles que soient les circonstances exactes de ce drame, la responsabilité en revient à ceux qui ont organisé cette pénurie de nourriture depuis des mois.
Quelles sont les conditions pour que l’aide humanitaire arrive à tous les habitants de la bande de Gaza ?
On a dit aux Israéliens depuis des mois que les conditions minimales ne sont pas là pour assurer l’aide humanitaire. On parle de l’arrêt des hostilités, d’un cessez-le-feu. Mettre en place des secours sous des bombardements, c’est impossible. Il faut rassurer la population. Il faut informer qu’il y aura assez pour tout le monde. Il faudra sans doute permettre à la population de bouger et désengorger des villes comme Rafah. On a besoin de l’UNRWA aussi pour réussir à mettre en place des secours à grande échelle. Je suis d’accord qu’on en est loin. Mais ce drame montre à quel point c’est urgent.
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