Qu’est-ce que Pessah, la Pâque juive, qui débute ce lundi ?

Un groupe d’hommes juifs portant le traditionnel châle Talit, le 13 avril 2017, à Jérusalem pour la fête de Pessah (illustration). AFP/MENAHEM KAHANA

Ce lundi 22 avril, à la tombée de la nuit, débutera Pessah, l’une des plus importantes fêtes du judaïsme. Cette célébration, qui doit durer jusqu’au 30 avril, débutera par un repas, le séder.

Un rituel qui représente l’Exode des Hébreux après avoir fui l’esclavage en Égypte. Cette fête rend également grâce au début du cycle annuel agricole. Comment se déroulent les festivités ? On vous explique tout.

Que commémore cette fête ?

La fête de Pessah (ou Pessa’h) commémore la libération du peuple juif de l’esclavage qu’il subissait en Égypte. « C’est la fête de la liberté qui est racontée dans le livre de l’Exode », explique Pauline Bebe, rabbin de la communauté juive libérale d’Île-de-France. En hébreu, « pessa’h » signifie « passer au-dessus ». Il s’agit d’une référence à la dixième plaie d’Égypte, la mort des premiers-nés, plaie qui dans la Bible « saute » au-dessus des maisons des Hébreux pour ne frapper que les Égyptiens.

Un évènement qui peut être vu comme la naissance du peuple d’Israël : « C’est à partir de ce moment, dans le désert, que le peuple devient une nation », ajoute le rabbin.

Combien de temps durent les célébrations ?

Cette année, la Pâque juive a lieu du 22 au 30 avril, soit du 14 au 21 Nissan de l’année 5784, selon le calendrier hébreu. Elle dure sept jours en Israël, et huit jours pour les juifs vivant en Diaspora.

Elle est marquée par deux temps forts. Le premier jour de la fête, qui marque la sortie de l’Égypte, et le dernier jour, qui représente la traversée de la mer Rouge. Selon la tradition, ces deux journées doivent être fériées.

Comment cette fête se déroule-t-elle ?

La fête de Pessah est marquée par plusieurs rituels. À commencer par le repas du premier soir – des deux premiers soirs pour les juifs de Diaspora -, appelé le séder (« ordre » en hébreu). C’est un repas qui se déroule autour d’un grand plateau empli d’aliments hautement symboliques.

« La composition varie d’un pays à l’autre mais on retrouve systématiquement trois éléments fondamentaux », explique Pauline Bebe : du pain azyme, en souvenir de la pâte que les Hébreux ont emportée dans leur fuite sans qu’elle ait eu le temps de lever, des herbes amères (raifort, céleri, romaine…) rappelant la dureté de l’esclavage, et un os représentant le sacrifice pascal.

Très souvent, il y a également un œuf dur représentant un autre sacrifice, symbole d’espoir et de consolation, de l’eau salée rappelant les larmes des esclaves, et une pâte de fruits représentant le mortier avec lequel les juifs fabriquaient des briques.

Est-ce qu’il y a des interdictions ?

Pendant sept jours, les juifs s’abstiennent de consommer des aliments contenant des céréales fermentées (blé, orge, avoine, seigle, épeautre…). Il est aussi interdit d’en posséder et d’en tirer profit.

Et pour cause, la fête de Pessah est l’occasion de faire un grand nettoyage de printemps pour chasser tout ce qui est à base de pâte levée (hamets), qui n’avait pas pu être emmenée lors de la fuite d’Égypte. D’où un nettoyage approfondi de toutes les pièces pouvant en contenir.

La règle prévoit aussi que les ustensiles de cuisine, s’ils ne sont pas réservés exclusivement à Pessah, soient nettoyés par le feu ou l’eau bouillante.

Pourquoi est-elle importante ?

Avec la fête de Kippour, « Pessah est très suivi car c’est une fête familiale, et même dans les familles peu pratiquantes les gens se réunissent autour d’une table. C’est une fête très importante et qui, par son aspect pédagogique, a été transmise de génération en génération », ajoute Pauline Bebe.

La Pâque juive donne aussi lieu à la distribution de colis de Pessah, organisés par des associations caritatives.

Tout le monde le célèbre-t-il de la même façon ?

Pas forcément. Si les dates et la durée du séder varient en fonction d’Israël ou des juifs de Diaspora, les manières de célébrer Pessah varient d’une famille à l’autre. « Il y a 1 001 manières de célébrer la fête », rappelle Pauline Bebe.

« Les ultraorthodoxes vont faire très attention à tout, le ménage commence un mois à l’avance, ils changent leur vaisselle, ne consomment que les aliments autorisés… Et d’autres vont juste faire un repas symboliquement le premier soir ». Il y a juste, conclut-elle, « un certain nombre d’incontournables : raconter la sortie d’Égypte, ne pas manger de pain pendant sept jours… ».

Les célébrations vont-elles être surveillées ?

En raison du contexte international, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a appelé les forces de l’ordre à une « extrême vigilance » et à un « renforcement de la sécurité » pour la fête de Pessah.

« Le niveau très élevé de la menace terroriste, le maintien à un haut niveau des actes à caractère antisémite, ainsi que la persistance des tensions au plan international dont l’attaque de l’Iran sur Israël ce samedi 13 avril, exigent le maintien d’une extrême vigilance, de manière immédiate au regard du contexte (…) et vis-à-vis des manifestations et des lieux à caractère religieux et communautaire du culte juif en prévision de la fête de Pessah », du 22 au 30 avril, a-t-il expliqué dans un télégramme envoyé le 14 avril dernier.

Le ministre a donc demandé une présence sur les « lieux et édifices les plus sensibles ou emblématiques. Cette présence devra être statique et visible aux heures d’arrivée et de départ des fidèles ».