Conway (Caroline du Sud, États-Unis), samedi. Donald Trump participe à un meeting pour sa campagne présidentielle. AFP/Julia Nikhinson
Donald Trump a souvent déploré le fonctionnement de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord) lors de sa présidence, entre janvier 2017 et janvier 2021. Il souhaitait que les États membres payent plus afin de rééquilibrer le partage de la charge avec les États-Unis. Ce samedi, il est allé encore plus loin, menaçant de saborder l’alliance en cas de carence de financement.
Lors d’un meeting dans l’État de Caroline du Sud, il a dit que, en cas de réélection, il ne garantirait plus la protection de l’Otan face à la Russie. Il a ainsi rapporté une conversation avec un des chefs d’État de l’Otan, sans le nommer. « Un des présidents d’un gros pays s’est levé et a dit : et bien, monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ? » raconte le milliardaire avant de révéler sa réponse. « Non, je ne vous protégerais pas. En fait je les encouragerais à vous faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos dettes ». Le traité de l’Otan prévoit une réplique des membres si l’un d’entre eux est attaqué.
Cette déclaration intervient après que Trump, probable candidat des républicains face au président démocrate Joe Biden lors de la présidentielle de novembre, a fait pression sur les élus républicains au Congrès, le parlement américain, pour enterrer un projet de loi prévoyant le versement d’une nouvelle aide à l’Ukraine ainsi qu’une réforme de la politique migratoire.
« Encourager l’invasion de nos alliés les plus proches est consternant »
La Maison Blanche, le siège de la présidence, a répliqué aux déclarations de Trump en vantant les efforts déployés par Biden pour renforcer les alliances dans le monde entier. « Encourager l’invasion de nos alliés les plus proches par des régimes meurtriers est consternant et insensé », a réagi le porte-parole Andrew Bates. « Plutôt que d’appeler à la guerre et de promouvoir le chaos, le président Biden continuera à soutenir le leadership américain. »
L’accord bloqué au Congrès prévoyait une enveloppe supplémentaire d’aide à l’Ukraine et à Israël. D’un montant de 95 milliards de dollars (environ 86 milliards d’euros), elle sera débattue la semaine prochaine et comprend des fonds pour la lutte d’Israël contre le Hamas et pour un allié stratégique clé, Taïwan. La part du lion, cependant, aiderait l’Ukraine à reconstituer ses stocks de munitions, d’armes et d’autres besoins essentiels, alors que le pays entre dans une troisième année de guerre.
L’expulsion des migrants, une priorité
Trump s’est aussi à nouveau emparé du dossier brûlant de l’immigration, autre grand sujet de controverse dans la campagne électorale. Sous sa pression, les élus républicains semblent avoir décidé de bloquer toute réforme de la politique migratoire avant l’élection. L’ancien président, qui avait bâti sa popularité en promettant la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique, a assuré que l’expulsion de migrants constituerait l’une de ses priorités en cas de retour à la Maison Blanche. « Dès le premier jour, je mettrai fin à toutes les politiques d’ouverture des frontières de l’administration Biden et nous lancerons la plus grande opération d’expulsion nationale de l’histoire des États-Unis. Nous n’avons pas le choix », a-t-il affirmé.
Lors de son meeting, Trump a aussi lancé une pique à Nikky Haley, ex-gouverneure de l’État de Caroline du Sud et rivale pour l’investiture républicaine, en ironisant sur l’absence de son mari à ses côtés durant la campagne. « Où est son mari ? Oh, il est parti, il est parti. Qu’est-il arrivé à son mari ? » a-t-il lancé avec des effets de voix. Largement distancée dans la course à l’investiture, l’ancienne ambassadrice des États-Unis aux Nations unies a répondu sèchement sur X (ex-Twitter) à propos de son mari, Michael Haley, engagé pour un an dans un déploiement militaire à Djibouti. « Il est en déploiement au service de notre pays, quelque chose dont vous ne connaissez rien. Quelqu’un qui manque continuellement de respect aux sacrifices des familles de militaires n’a rien à faire comme commandeur en chef. »
Ledit mari a aussi envoyé sur X un message au milliardaire, accompagné d’une photo de loup, avec un petit commentaire cinglant. « La différence entre les humains et les animaux ? Des animaux ne laisseraient pas le plus stupide d’entre eux diriger la meute. »
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