« Nous allons voir si nous pouvons nous battre avec les mêmes armes » : la Belgique s’apprête à négocier un méga-investissement

Le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) ne veut pas entrer dans une course aux subventions avec le gouvernement français pour sceller un investissement vert dans l’aciérie d’ArcelorMittal à Gand.

Une installation qui pourrait réduire les émissions des hauts-fourneaux polluants y est à l’étude depuis 2021. Mais le gouvernement français promet à présent un très généreux programme de subventions pour l’aciérie de Dunkerque et un accord a été conclu avec l’entreprise publique EDF pour l’approvisionnement en énergie.

Un sommet de l’industrie européenne est prévu à Anvers mardi. « Nous allons voir si nous pouvons nous battre avec les mêmes armes », a déclaré M. De Croo à la veille de ce sommet. « Nous ne participerons pas à une course aux subventions. Mais nous avons aussi des atouts dans notre pays. »

Les gouvernements flamand et fédéral sont en contact étroit avec la direction internationale d’ArcelorMittal depuis des années pour concrétiser l’investissement vert à Gand. Auparavant, le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) avait également mis en garde contre les appels d’offres lancés par des États membres aux poches bien garnies.

ArcelorMittal ne décidera pas avant la fin de l’année du calendrier définitif pour commencer à produire de l’acier vert à Gand et à Dunkerque. Il s’agit d’une installation « DRI » et de deux fours de fusion électriques.

Le montant de l’investissement évoqué à l’époque, soit plus d’un milliard d’euros, a considérablement augmenté entre-temps. Mais les subventions promises – qui s’élèvent à plusieurs centaines de millions – ont également plus que doublé depuis lors.

Le montant exact n’est pas systématiquement communiqué car les négociations sont toujours en cours. L’Europe a déjà donné son feu vert à une enveloppe de 280 millions d’euros pour le site de Gand, mais ce chiffre serait déjà largement dépassé.

Le Premier ministre appelle à l’unité européenne et à la discipline budgétaire dans l’attribution des subventions. « Les Européens sont plus forts s’ils travaillent ensemble et il y a de la place pour plusieurs producteurs d’acier en Europe. Mais nous devons avoir une réponse contre, par exemple, les États-Unis avec l’Inflation Reduction Act », estime Alexander De Croo.

Les gouvernements flamand et fédéral veulent ancrer l’industrie lourde dans une économie qui doit devenir ambitieusement plus durable pour gagner la lutte contre le réchauffement climatique. « Mais nous devons nous assurer que cela est possible pour l’industrie lourde, qui veut être un partenaire dans la transition climatique », a souligné M. De Croo avant le sommet industriel de l’UE, organisé mardi à Anvers, dans les usines de BASF, la plus grande entreprise chimique du pays.